Je vous parlais dans mon dernier billet de la nouvelle création de la compagnie Miranda, Acting, de Xavier Durringer. La pièce est encore jouée ces 4, 5 et 6 octobre au théâtre de la Cité à Nice.
Un petit memo : Dans une cellule de prison, Robert, acteur condamné pour meurtre, rejoint Gepetto, un petit escroc minable, et Horace, son mystérieux codétenu muet et insomniaque…

Entre Robert et Gepetto qui ont des visions bien différentes du métier d’acteur, des liens vont finir par se nouer. L’un pense Stanislavski et Shakespeare, l’autre ne pense que « star system ».
Je trouve cette pièce particulièrement remarquable. Vous vous rappelez la règle des 3 unités de Boileau : Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. Le lieu, c’est une cellule de prison, bien sûr l’action se passe sur je crois deux journées, mais je pense que deux journées de prison peuvent très bien n’en faire qu’une, pour ceux qui y vivent, quant au fait accompli c’est tout simplement cette interrogation : qu’est ce que le théâtre ?
Drôle de lieu pour parler du théâtre qu’une prison, me direz-vous. Quoique… Il s’agit là de rencontres improbables entre individus qui devraient ne pas avoir à se rencontrer. Personnellement, je trouve que c’est là une très bonne approche – si ce n’est une définition- du théâtre.
Celui qui ne croit qu’au théâtre, celui qui n’en connaît rien, et celui que tout laisse indifférent, Horace. Et je serais tenté de dire que le théâtre est plus proche de cette dernière personnalité qui, enserré dans sa bulle, refait un monde auquel le réel n’a pas accès.
Ce qui me touche dans ce spectacle c’est ce que l’on appelle au théâtre l’adresse au public : pour simplifier, il n’y a pas de représentation s’il n’y a pas de public, le dispositif théâtral se base sur « quelque chose » qui est devant les acteurs.
On pourrait considérer, dans Acting, que ce public est de double origine : un public d’ acteurs, puisque ce qui est dit leur parle ; des gens comme vous et moi, qui ont une simple fiction devant eux : certes on y parle de théâtre, mais uns un espace qui est donné comme n’étant pas un théâtre.
Pour le public « acteurs », il est également spectateur comme un autre, il n’assiste pas à une conférence sur le paradoxe du comédien (Durringer l’aborde savoureusement). Et le public « public », n’étant ni acteur, ni assassin, ni escroc, ni insomniaque, il est sur scène virtuellement, volant d’un personnage à l’autre au gré de son empathie et de sa fantaisie…
L’humour ne manque pas et ce qui me plaît c’est que, finalement, tout le monde trouve son propre humour et rie, ou sourie à ce auquel se reconnaît – ou se dé – reconnaît le plus. En quelque sorte, la catharsis (je me moque du Malade Imaginaire, à condition qu’il soit sur scène, parce que moi aussi je suis hypocondriaque)
La dernière scène est particulièrement émouvante : elle nous rappelle que, pour faire du théâtre il faut se retrouver soi, son corps et le texte. Acting donc ne constitue pas seulement une mise en abyme mais également une réflexion sur la profession même du comédien.
Jacques Barbarin
Acting, par la Compagnie Miranda Mise en scène : Florent Chauvet avec Frédéric Rubio, Jean Mathieu Van der Haegen vendredi 4 et samedi 5 octobre 21h, dimanche 6 à 15h
Théâtre de la Cité, 3, rue Paganini Nice, 04 93 16 82 69 http://www.theatredelacite.fr