LA BELLE ET LA BETE de Jean Cocteau.
Le chef d’ oeuvre de Jean Cocteau, dans une version restaurée magnifique, sort en salles ( * ) . l’occasion pour les cinéphiles de revoir une des oeuvres majeures du cinéma Français , et pour les nouvelles générations de la découvrir dans toute sa flamboyance poétique et fantastique qui garde toute sa modernité.
( l’affiche du film ) ( La Bête / Jean marais )
Sorti juste après la seconde guerre mondiale, en Octobre 1946 ( couronné pare le Prix Louis Deluc du Meilleur film français de l’année ) et durant l’année 1945 dans les Studios de Saint Maurice dans le Val de Marne, d’Epinay et de Joinville-le -pont , et en extérieurs, dans l’Oise ( Château de Raray ) près de Senlis , en Touraine et sur la côte d’azur à Eze. Adapté par Jean Cocteau du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont ( 1757 ) et superbement photographié ( les éclairages et les contrastes sont magnifiques , comme en témoignent les photos ci- dessous ) par le Grand directeur de la Photographie Henri Alekan, le film est servi par un accompagnement musical de Georges Auric qui offre à la dimension fantastique poétique et du merveilleux , un bel écho .
( Jean Marais et Josette Day )
C’est donc un conte , et il y sera question d’un prince charmant et peut-être d’une future princesse . Et celle-ci, Belle ( Josette Day ) n’est pas enfermée dans un tour, mais se retrouve – suite à la condamnation à mort de son père qui était allé cueillir une rose dans la propriété du chatelain ( la Bête / Jean Marais ) – contrainte , d’accepter pour sauver son père de vivre au château de la Bête !. Et il y a ce chemin , de la maison du marchand à la forêt mystérieuse et au château avec ses jardins et ses cariatides vivants, semé d’objets magiques ( la rose , la clé en or, le gant , le miroir , le cheval blanc ) symboliques . Et c’est aussi , dans la confrontation entre la Belle et la Bête et au delà du chantage qui les réunit , une belle manière d’aborder le théme de la différence et de l’acceptation de l’autre : l’âme du monstre est-elle aussi laide que son aspect ou cache-t-elle une sensibilité plus pure qu’il n’y paraît …
( le couloir des bras aux chandeliers )
Le film est un émerveillement constant de récit et de mise en scène .Avec ses inventions poétiques ( les statues mobiles, les miroirs , les chandeliers à bras …) et sa féérie fantastique constamment présente dans les décors ( signés Christian Bérard ), à laquelle on doit associer la qualité et la performance du maquillage – pour l’époque- de la Bête ( Jean Marais ) ont fait le succès immédiat du film où l’on retrouve les thèmes de l ‘ouvre du cinéaste , écrivain et poète. Pour la petite histoire, c’est le chien de Jean Marais qui a servi de modèle pour la tête de la bête féroce . Et le travail sur le maquillage dont le masque , les dents et les griffes nécessitaient chaque jour des heures , pour être placés sur le visage et le corps de Jean Marais. Notons aussi que Cocteau s’est servi des aléas de tournage pour offrir une dimension nouvelle à son « réalisme de l’irréel » dont il voulait imprégner le conte . Ainsi s’apercevant que la poussière soulevée par les balayeurs du studio avait pour effet de faire naître une lumière étrange dans le rendu de l’image , il n’hésite pas à l’utiliser au tournage et à en imprégner les scènes.
( Le superbe travail sur les lumières d’Henri Alekan )
De la même manière, comme s’il voulait échapper à certaines conventions de la poésie et du fantastique, afin de rendre de la meilleure manière le reflet des sentiments , il pousse son opérateur Henri Alekan à effectuer un subtil travail sur les nuances de la photographie en noir et blanc et lui demande de supprimer les effets ( toiles , trames, flous…) d’une féerie de pacotille, et à travailler les lumières et les ombres à la manière des peintres ( Gustave Doré, Weermer , Vélasquez) à contre -courant de ce qui se faisait à l’époque.Et dans le film la lumière de la poésie de Jean Cocteau a quelque chose d’ inégalable, elle réfléchi la beauté de son âme ….
(Etienne Ballérini )
LA BELLE ET LA BETE de Jean Cocteau (1946 ) – Avec : Jean Marais , Josette Day, Marcel André, Mila Parély , Michel Auclair , Raoul Marco , Jean Cocteau ( Voix de l’ usurier ) …. assistant réalisateur : René Clément .
( * ) – le film est programmé au Cinéma Rialto à Nice
Chouette!!
C est nul
le film ou l’article ?