Cinéma/ I have a dream – LE MAJORDOME de Lee Daniels

LE MAJORDOME de Lee Daniels

Du milieu des années 1950 à nos jours, l’histoire du long combat pour les droits civiques, vécue dans l’antre de la Maison blanche par le majordome noir au service des présidents qui s’y sont succedés . Adapté d l’autobiographie de ce dernier, Eugène Allen , raconté par Lee Daniels l’auteur de Precious, le film trouve sa force émotive dans la construction d’une mise en scène classique où la dimension de la «  biopic » cohabite avec celle des remous de l’histoire et d’une lutte avec laquelle l’avenir de la nation s’est écrit …

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( le  Majordome / Forest Whitaker , dans ses   habits de  travail )

Les champs de coton du Sud de la fin années 1920 dans lesquels les esclaves noirs travaillaient qui ont été le quotidien de la jeunesse de Eugène Allen ( devenu Cécil Gaines dans le film ), qui y a vécu le drame de l’assassinat de son père qui a osé protester contre le jeune maître blanc qui a abusé de sa femme. Un crime reste impuni, comme les autres exactions commises par les racistes dont le Klu- Klux- Klan se chargeait. Une mère qui sombre dans la résignation et la folie, Cécil qui grandi et objet à son tour de menaces comprend très vite qu’il faut quitter ce Sud et cette plantation maudite. Dans son malheur, sur son chemin vers un autre destin, il rencontre l’aide et le soutien de ses frères de couleur dont ce vieil homme serveur dans un hôtel chic, qui le fera embaucher et lui apprendra les ficelles du métier qui permettent à un noir de le conserver, et après que Cécil ait fait ses preuves , le conseillera à un homme influent …recruteur des gens de service de la Maison blanche !.

21029368_20130820144738075.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx ( Forest Withaker  et Oprah Winfrey )

Un parcours , dont Lee Daniels adapte le récit du véritable héros, Eugène Allen, en forme de rêve Américain que le cinéma d’outre-Atlantique n’a cessé de célébrer. Lee Daniels , cinéaste noir de la nouvelle génération, s’inscrit dans le sillage des cinéaste de la « Black-exploitaion » d’hier et de ceux, qui, comme Spike Lee, ont poursuivi le travail ouvrant la voie d’un cinéma parlant du quotidien et des problèmes des hommes et des femmes de leur communauté. Dès lors, ce récit d’une destinée extraordinaire d’un homme qui a vécu durant des années ( de 1952 à 1986 ) dans l’ombre du pouvoir et en a rapporté les anecdotes révélatrices sur les hommes qui s’y sont succédés, qu’il a côtoyés et de ce qu’il a pu percevoir de leurs comportements et de la gestion des grandes questions de politique: Guerre froide et crise de Cuba , guerre du Vietnam, Watergate , crise économique , et surtout cette longue lutte pour l’égalité des droits civiques, dont le Majordome fut témoin des soubresauts vécu à l’intérieur de la maison blanche, et sur laquelle Lee Daniels privilégie le regard, Se faisant miroir de celui de Cécil Gaines et d’un comportement de « réserve » auquel il est tenu.
Ce dernier, témoin par exemple de la volonté de John Kennedy, se souvenant de sa confidence suite aux violences raciales consécutives à des manifestations du mouvement pour la paix et les droits civiques « je ne reconnaît pas mon pays !, bien décidé à entamer , le processus d’abolition législative de la Ségrégation raciale dans le Sud qui se heurtera à l’opposition au congrès des démocrates des états du sud, et qui verra l’espoir de la voir abolir, sombrer avec l’assassinat du Président à Dallas le 22 Novembre1963 .

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(   Les  bus de  la  Marche pour  les  droits civiques  bloqués  par le Klu- Klux -Klan, scène du film )

Mais , également vu de l’extérieur au travers des hommes et des femmes du peuple qui ont conduit la lutte quotidienne au long des années , combat dont certains leaders ( Matin Luther king, Malcom X , le mouvement des Black Panthers et du Black Power …) seront emblématiques des formes adoptées en fonction des tergiversations, liées aux changements des hommes politiques au pouvoir, des intérêts et des « priorités » sur lesquelles ils estimaient avoir à trancher. Lee Daniels utilise habilement les interférences entre les espaces , privé et public, par un montage parallèle simple, mais efficace, qui traduit les répercussions de l’un à l’autre. On apprendra par exemple dans les coulisses du personnel que l’égalité des salaires entre blancs et noirs n’existe pas, et reflète la discrimination qui a lieu à l’extérieur. Amenant même notre Majordome à sortir de son rôle « d’invisible » qui n’a pas son mot à dire, à se faire le porte -parole d ‘une revendication d’ égalité salariale !… qui devra attendre des années avant d’aboutir. Comme cette autre anecdote où Cecil explique l’exercice auquel est soumis le personnel à chaque changement de Président disposant de deux heures pour déménager les affaires du battu , et laisser place nette au vainqueur !.

21039058_20130912125248777.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx ( Revue  du personnel  par les  Kennedy )
Un Cecil Gaines très pris par son travail et qui voit sa vie privée en souffrir susictant les reproches de sa femme ( Oprah Winfrey) qui a du mal à affronter toute seule les problémes d’un domicile familial qui subi les soubressauts et les conséquences de la politique de la Maison blanche avec le fils aîné , Louis ( David Oyelowo) engagé dans la lutte pour les droits civiques qui se retrouve à plusieurs reprises arrêté par la police , provoquant le conflit avec un père qui craint celles, d’un engagement dont la radicalisation au fil des années, voit se multiplier les victimes du côté des activistes dont son fils fait partie . De la même manière que le conflit du Vietnam qui s’intensifie avec l’ère Johnson et Nixon , viendra apporter la douleur dans la famille ( comme dans de nombreux foyers Américains) avec la mort – au combat- du fils cadet.

21018598_20130710114629127.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx (  Jane  Fonda  et Alan Rickman )

On pourrait multiplier, les exemples de ces interférences dont Lee Daniels tire le meilleur profit pour décrire la longe marche des combats qui ont marqué l’histoire pays depuis les années 1950 et des luttes qui les ont accompagnés, pour se concrétiser avec à l’élection de Barak Obama, aboutissement du rêve secret du Majordome ( la belle scène de l’attente pur se rendre au bureau de vote ) dont la vie aura suivi le chemin emblématique d’une longue marche vers la conquête des droits de la dignité et de la reconnaissance des droits. Mais le film laisse planer au fil des souffrances et des difficultés qu’il a fallu surmonter, le sentiment , aussi , que le combat n’est pas fini et que le spectre de la résurgences de certains démons du racisme, prêts à se réveiller , plane encore, comme en témoignent certains crimes racistes récents comme la Tuerie de Tulsa dans l’Oklahoma en 2012 .
C’est dans ces moments là , que le film est passionnant par la réflexion qu’il porte sur l’Amérique d’aujourd’hui et le devenir d’une communauté nationale qui a encore du chemin à faire pour être en paix avec elle même …
Ajoutons enfin la qualité de l’interprétation autant habitée qu’engagée de Forrest Withaker et Oprah Winfrey, complétée par les contributions  de Robin Williams ( en Dwight Eisenhower ), James Marsden ( en John Kennedy ), Alan Rickman ( en Ronald Reagan) , Liev Schreiber ( en Lyndon Johnson) , John Cusak ( en Richard Nixon) et Jane Fonda ( en Nancy Reagan)… (Etienne Ballérini)

LE MAJORDOME de Lee Daniels ( 2013 ) – avec : Forest Witaker, Oprah Winfrey, Mariah Carey, John Cusak, Jane Fonda, Cuba Gooding Jr, Robin Williams , David Oyelowo…

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