image DVD / Bubba au top !

bubba-ho-tepVoici une petite perle, trouvée en farfouillant dans les DVD de films de série B voir C ou D. Sorti en 2002, Bubba Ho-tep est le genre de film qui, dès son résumé, promet déjà de très belles choses. Il faut commencer par là d’ailleurs. Un peu comme dans le film Iron Sky sorti en DVD il y a quelques mois et dont j’avais parlé sur le blog ami*(voir le lien en bas d’article). Iron Sky sera d’ailleurs certainement programmé dans le cadre de la soirée Peeping Tom aux prochaines Rencontres cinématographiques de Cannes du 9 au 15 décembre.

Mais revenons-en à ce qui nous amène aujourd’hui : Bubba Ho-Tep. Et accrochez-vous bien au pitch. Dans une maison de retraite au fin fond des Etats-Unis, une momie égyptienne au chapeau et bottes de cow-boy se réveille la nuit pour manger les âmes des résidents. Bon jusqu’ici, cela peut sembler assez classique et pourrait même sembler promouvoir une nouvelle réforme des retraites. Mais Bubba Ho-Tep, la momie, va se retrouver face à deux vieux comprenant à quoi ils avaient à faire et ne voulant pas perdre leur âme. Et ce ne sont pas n’importe qui : Elvis Prestley et John Fitzgeradd Kennedy. Pour le premier, c’est un changement d’identité avec un des ses meilleurs sosies, qui l’avait plongé dans l’anonymat. Le deuxième, on l’a « peint » en noir pour sa sécurité. Depuis, il cherche à comprendre ce qui s’est passé à Dallas en 1963.

Le King et Mr. Président vont donc affronter une momie Toutancarton. Car oui la momie n’est faite qu’avec très peu d’effets spéciaux et oui, je ne pouvais éviter le jeu de mot.

Le ton du film est cependant différent des films de série B classique. Nonchalant, vivant au rythme du déambulateur d’Elvis et de son impuissance. Nostalgique, le King se remémore ses souvenirs et ses regrets de ne pas avoir plus choyé sa famille. Entre deux attaques de momie, on assiste donc au bilan de sa vie personnelle râtée. « Si j’avais plus parlé à ma fille… Si j’avais mieux parlé à Priscilla… » Don Coscarelli, spécialiste de films d’horreur atypique, porte un regard assez doux et sensible sur ce personnage principal perdu dans les regrets d’une vie rêvée et peut-être jamais véritablement vécue malgré la gloire. Cette vie n’était que son miroir et il ne lui reste plus que son âme à sauver. C’est fort de cet objectif qu’ils partiront en croisade avec JFK qui lui aussi a dû abandonner sa famille. Il faut donc croire en ses personnages et les incarner avec toute leur humanité pour éviter de sombrer dans le ridicule. Car ce sont ces failles, ces échappées humanistes et sensibles qui font la particularité de cette série B où la momie n’est plus qu’une excuse – mais une très bonne, pour que deux vieillards accomplissent enfin leur devoir en sauvant leur âme mais surtout celle des autres pensionnaires.

Le film a un drôle d’humour second degré et doux amer, constant tout au long du film, des graffitis en hiéroglyphe dans les toilettes (en effet, la momie est comme tout le monde, elle écrit sur les murs quand elle est aux cabinets) aux deux croques morts venant chaque jour emporter une nouvelle victime.  La préparation du duel final est un des moments forts du film avec l’arrivée de nos deux héros dans le couloir désert de la maison de retraite, préfigurant l’affrontement à la sauce western. Mais ces deux vieux ne carburent pas au whisky – ce n’est plus de leur âge, mais au Mars et au Twix ! Don Coscarelli démonte donc les codes attendus des films de genre en touchant la corde sensible romantique. C’est émouvant.

.BUBBA_HO_TEP

Il arrête son film et ses scènes là où il faut, ne va pas chercher plus loin, ni plus haut, ne tombe jamais dans la série Z ou la parodie. Il donne le temps à ses acteurs d’incarner leurs personnages. Kennedy est joué par Ossie Davis, acteur noir mort en 2005. Activiste important de la cause noire et des droits civiques, il était un comédien engagé et talentueux capable de tout jouer. Elvis est quant à lui, interprété par un ténor des séries B : Bruce Campbell. Acteur de la série Evil Dead de Sam Raimi, il a une filmographie spécialisée dans les films de genre et à petits budgets. Et dans Bubba Ho-Tep, on sent qu’il aime ce qu’il fait et qu’il y croit. Nous aussi.

Julien Camy

Bubba Ho-Tep, de Don Coscarelli avec Bruce Campbell et Ossie Davie, 92min, 2002

http://fanzinepeepingtom.blogspot.fr/2013/01/iron-sky-ou-quand-les-nazis-contre.html

 

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