Le 13 avril dernier, à l’occasion de la présentation de la Sélection officielle, Thierry Frémaux, Délégué général, et Iris Knobloch pour sa 1ère édition en tant que Présidente du Festival de Cannes, affichaient un certain optimisme…

Si l’on se limite au seul cinéma et à son industrie, il est (en partie) justifié.
Marqué par la pandémie de Covid-19 et ses conséquences (Festival annulé en 2020, décalé à juillet en 2021, absence des stars et des délégations étrangères, port du masque obligatoire encore en 2022, chute de la fréquentation dans les salles, offensive des plate-formes de streaming), le Festival devrait confirmer un retour à la normale (déjà perceptible l’année dernière) avec cette 76e édition. Cela dans un contexte qui engendre l’optimisme puisque les spectateurs reviennent dans les salles. Ainsi, depuis le 1 er janvier, les cinémas ont enregistré 68,07 millions d’entrées, soit une baisse de 13,9 % sur les quatre premiers mois de 2023 par rapport à la moyenne 2017-2019, selon le Centre national du cinéma et de l’image animée. Au mois d’avril, la barre des 19 millions d’entrées a été franchie, dépassant la moyenne mensuelle de 2017-2019 (+ 2,7 %), avant la pandémie.
Donc, pour ce nouveau rendez-vous cannois donc, plus de 2000 films en été visionnés par les membres du comité de sélection. Sur les 68 retenus dans les différentes sections de la Sélection officielle (Compétition officielle, Un Certain Regard, Cannes Première, Séances spéciales et Hors compétition, Cannes Classics) , 21 concourent pour la Palme d’Or, dont 7 réalisés par une femme (un record !). Le seul 1er film de la section, Banel & Adama («à la lisière de l’expérimentation » d’après Thierry Frémaux) est signé Ramata-Toulaye Sy, cinéaste Sénégalaise. La délégation française est représentée par trois femmes (Catherine Breillat, Catherine Corsini, Justine Triet) et un homme (Jean-Stéphane Sauvaire). Autre tendance de cette 76e édition, la présence des « Vétérans » (dixit T. Frémaux), parmi lesquels Ken Loach, 86 ans, (Palme d’or en 2006 et 2016, qui pourrait donc être le 1er cinéaste à être « palmé » une 3e fois), Nuri Bilge Ceylan, 64 ans (palmé en 2014), Nanni Moretti, 69 ans, (palmé en 2001), Hirokazu Kore-eda, 60 ans (palmé en 2018), Aki Kaurismäki, 66 ans, Marco Bellocchio, 83 ans, Aki Kaurismäki, 66 ans ou… Wim Wenders, 77 ans (palmé en 1984). Ils assureront la transition avec les nouveaux venus dans la compétition officielle, comme Kaouther Ben Hania, Jonathan Glazer ou Karim Aïnouz.
A noter également que, pour la première fois depuis 2004, deux documentaires sont en lice pour la Palme, il s’agit des Filles d’Olfa, de Kaouter Ben Hania, et de Jeunesse, de Wang Bing.
Les 21 films qui concourent pour la Palme d’or : Firebrand (Le Jeu de la Reine) de Karim Aïnouz, Asteroid City de Wes Anderson, Rapito (L’Enlèvement) de Marco Bellocchio, Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania, L’Été dernier de Catherine Breillat, Kuru Otlar Ustune (Les Herbes sèches) de Nuri Bilge Ceylan, Le Retour de Catherine Corsini, The Zone of Interest de Jonathan Glazer, Club Zero de Jessica Hausner, May December de Todd Haynes, Monster de Kore-Eda Hirokazu, Kuolleet Lehdet (Les Feuilles mortes) d’Aki Kaurismäki, The Old Oak de Ken Loach, Il Sol dell’ avvenire (Vers un avenir radieux) de Nanni Moretti, La Chimera (La Chimère) d’Alice Rohrwacher, Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire, Banel e Adama de Ramata-Toulaye Sy, La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hùng, Anatomie d’une chute de Justine Triet, Jeunesse (Le Printemps) de Wang Bing, Perfect Days de Wim Wenders.
Un Certain Regard, qui s’attache à promouvoir des œuvres originales, autant dans leur fond que dans leur forme et à participer à l’émergence de nouveaux auteurs internationaux, propose 8 premiers longs métrages.
Cannes Première. Inaugurée en 2021, cette section fait la part belle aux réalisateurs confirmés pour présenter leur dernier film en avant-première. Parmi eux, Amat Escalante, Victor Erice et… Takeshi Kitano !
Caisse de résonance des mouvements sociaux et politiques, le Festival est souvent accompagné (ou précédé) de polémiques, et donne aussi lieu à des actions coups d’éclat de militante.s écologistes ou féministes. Cette année, il ne devrait pas être épargné par la contestation sociale née de la réforme des retraites.
Malgré l’interdiction de manifester aux abords du Palais des Festivals, une manifestation se tiendra la 21 mai en dehors du périmètre interdit. Elle ciblera la réforme des retraites mais aussi celle de l’assurance-chômage et ses conséquences sur les intermittents du spectacle et les saisonniers, très nombreux pendant le Festival. Des actions symboliques, comme les coupures de courant, ne sont pas à exclure.
En Mai 68, le Festival de Cannes s’était arrêté le 19 mai à midi à la demande des cinéastes…
Festival de Cannes – Annonce de la Sélection officielle (Avril 2023 – 57mn)
Le Festival de Cannes
La Semaine de la Critique
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L’ACID
Philippe Descottes