Cinéma / 75e Festival de Cannes (22 mai)

Sélection Officielle – En Compétition.

Armageddon Time 02
Armageddon Times – James Gray – Crédit photo Focus Features

Armageddon Time de James Gray (Drame – Etats-Unis – 1h55)

Après The Lost of Z et Ad Astra, le film d’aventure puis la science-fiction, James Gray (seulement 8 films en 28 ans depuis 1994 et Little Odessa) retrouve New-York pour la 6e fois. Avec Armageddon Time, il signe un film moins ambitieux (sur le plan budgétaire) et en partie autobiographique. A 53 ans, il revisite son enfance (…« Quand on commence à vieillir, on commence à regarder le passé »), comme l’ont fait d’autres cinéastes à un moment de leur carrière, récemment,Kenneth Branagh (Belfast), Paul Thomas Anderson (Licorice Pizza), mais aussi, par le passé, Federico Fellini (Amarcord) ou encore Ingmar Bergman (Fanny et Alexandre).
Le début des années 1980 dans le quartier du Queens à New York. A l’école, Paul Graff (Michael Banks Repeta, une révélation), 11 ans, est plus doué pour le dessin que pour les études. Il fait les 400 coups avec son camarade Johnny (Jaylin Webb, autre révélation), noir, orphelin et t
ête de turc du professeur principal en raison de sa couleur de peau, avec lequel il partage les mêmes passions, la conquête spatiale et la musique. A la maison, ce n’est pas du goût des parents. Une bêtise de trop et Paul est envoyé dans un établissement privé…C’est pour lui la fin de l’enfance et de l’innocence et le glissement vers l’adolescence. La fin d’un monde, la découverte d’un autre, celui des adultes, la recherche de nouveaux repères, malgré cette relation privilégiée à laquelle il s’accroche avec le seul adulte qui s’intéresse vraiment à lui, Aaron, son grand-père (émouvant Anthony Hopkins).
Le titre est une variation de celui de la chanson de Willie Williams Armagideon Time, reprise par The Clash. Il fait référence également à Ronald Reagan, futur candidat à la présidentielle, qui avait déclaré que l’Amérique était menacée par l’Armageddon…
Des détails qui ont leur importance car, au récit d’apprentissage évoqué avec une certaine nostalgie, le réalisateur associe une réflexion sur la société américaine, marquée par la racisme et la lutte des classes, reposant sur l’individualisme, la méritocratie, l’élitisme.
 Il fait un lien entre hier, l’ère Reagan, qui voit les Etats-Unis s’engager sur la voie du néolibéralisme, et le trumpisme d’aujourd’hui.

Hanté par son histoire familiale, James Gray passait jusqu’à présent par le cinéma de genre, polar ou film noir, aventures ou sf, pour aborder ses thèmes récurrents (la famille, la relation père-fils, la perte de l’innocence). On les retrouve dans Armageddon Time qui est son film le plus personnel et le plus intimiste.

Armageddon Time de James Gray avec Michael Banks Repeta, Jaylin Webb, Anne Hathaway, Anthony Hopkins, Jeremy Strong (Drame – Etats-Unis – 1h55 – Date de sortie : 9 novembre 2022)

La conférence de presse (Festival de Cannes – Mai 2022 – Vo traduction simultanée – 34mn)

Sélection officielle – Hors compétition – Séance de minuit

Cannes 2022 - Fumer fait tousser(1)
Fumer fait tousser – 2022Crédit photo : Chi-Fou-Mi Productions – Gaumont

Fumer fait tousser de Quentin Dupieux (Comédie – France – 1h20)
Après Mandibules en 2021 (mais qui aurait du sortir en 2020 sans la pandémie) et attendant Incroyable mais vrai (annoncé pour le 15 juin), Quentin Dupieux livre Fumer fait tousser. L’armada de super héros de Marvel et DC Comic n’a qu’a bien se tenir ! Désormais, elle va devoir compter avec la Tabac Force, ces cinq justiciers en combis moulantes bleues sortis d’un sentai (série japonaise comme Bioman ou Power Rangers) et capables de vous exploser en quelques secondes une tortue géante démoniaque échappée d’un kaijū eiga nippon cher à Godzilla.
Mais la
Tabac Force doit faire une pause et se ressourcer au bord d’un lac pour renforcer la cohésion et recréer l’union qui a fait sa force. Malgré la menace que fait peser sur la planète Lézardin, l’empereur du Mal, le soir venu, les cinq justiciers se racontent des histoires à faire peur…
Que le film soit toujours absurde et loufoque, teinté d’humour noir, n’est pas étonnant, c’est la marque de fabrique de Quentin Dupieux. Cette fois le réalisateur, entouré d’une belle bande de comédiens (des habitués et des nouveaux), emploie les grosses ficelles, mais ça passe et c’est toujours hilarant.
Fumer fait tousser s’apparente à un best of du cinéma de Dupieux, à un film à sketchs avec une succession d’histoires courtes, souvent saugrenues, d’où une construction un peu bancale.
Mais le principal défaut est que le spectateur va rester sur sa faim car il ne connaîtra pas la fin de ces petites histoires. Ainsi, entre autre, on aurait aimé savoir comment Blanche Gardin sauve les apparences après avoir passé son neveu à la déchiqueteuse, apprendre le dénouement du récit du barracuda fraîchement péché et prêt à griller, ou encore, la fin de la procédure U55… Un moindre mal, mais quand même ;o)

Fumer fait tousser de Quentin Dupieux avec Benoît Poelvoorde, Alain Chabat, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Adèle Exarchopoulos, Vincent Lacoste, Oulaya Amamra, Jean-Pascal Zadi, Doria Tillier, Blanche Gardin Grégoire Ludi (Comédie – France – 1h20 – Date de sortie : à déterminer)

La bande annonce du film
Les B.O. de Quentin Dupieux (Blow Up – Arte – Mai 2022 – 11mn)
Site officiel du Festival de Cannes
Le Festival de Cannes sur France.tv

Philippe Descottes

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