Sélection officielle. En compétition :
Tre Piani de Nanni Moretti

Le premier plan, fixe et nocturne, du film est celui d’un immeuble (de trois étages) d’un quartier résidentiel de Rome.
Lucio craint que sa fille de 7 ans ne soit abusée par un vieux voisin, Monica part seule à la clinique pour accoucher car son mari, Giorgio, est loin en raison de son travail, en état d’ébriété, Andrea, le fils d’un couple de juges, Dora et Vittorio, renverse une femme avec sa voiture. Cette série d’événements va transformer l’existence des habitants et révéler leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre ensemble. Ces conflits intimes vont s’étendre à l’extérieur de la cellule familiale, devenir des faits divers et dépasser l’individu. Les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes cherchent la lumière et tentent de raccommoder ces vies désunies et de transmettre un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…
Classique et bien sobre dans sa mise en scène, Tre Piani apparaît moins politique que d’autres films du réalisateur. Néanmoins, il peut être vu comme une métaphore de la société italienne, repliée sur elle-même, voire de l’Europe avec ses pays qui ne parviennent pas à se mettre d’accord.
Avec Nanni Moretti, Margherita Buy, Riccardo Scamarcio Sagna. (Italie/France – Drame – 2020 – 1h59 – Date de sortie : 27 octobre)
La fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov

Kirill Serebrennikov avait été remarqué à Cannes en 2016 avec Le Disciple. Comme bien souvent, il n’y a guère de marches à monter pour passer de la Sélection Un Certain Regard à la Compétition officielle. En 2018, le cinéaste et metteur en scène russe présentait Leto. Malgré l’interdiction de quitter la Russie, il revient cette année en compétition avec une adaptation d’un roman à succès de l’écrivain estonien Alexei Salnikov, Les Petrov, la grippe, etc. « Transcrire à l’écran cet univers mental était un véritable défi, souligne le réalisateur. Tout est perçu à travers la fièvre du personnage principal. Les perceptions se déforment, le monde se met à flotter. Les gens prennent l’allure de fantômes ou de monstres… » ( extrait d’un entretien accordé à Télérama n°3730).Dans la Russie post-soviétique, Petrov, un dessinateur de BD, souffre d’une mauvaise grippe. Son ami Igor l’entraîne dans un périple très alcoolisé. Un voyage et des déambulations sous l’emprise de la vodka où se mélangent présent et passé, rêves, hallucinations et cauchemars. On passe de la couleur au noir et blanc, d’un format à l’autre, les plan-séquences et mouvements de caméra s’enchaînent… La mise en scène est virtuose, mais le film est bien difficile à comprendre et bien difficile à suivre.
Avec Semyon Serzin, Chulpan Khamatova, Yuriy Borisov et Yulia Peresild – Russie/France – Drame – 2020- 2h – Sortie le 1er décembre 2021.
Le site officiel du Festival de Cannes
Philippe Descottes