Je voudrais vous parler d’une exposition de peinture qui m’a beaucoup « émotivée *». Evidement elle est à la Cave Romagnan. Encore ! Hé oui. Parce que le taulier, Manu, est le seul qui sache associer avec art les trois arts que sont le vin, le jazz et l’art plastique.
Et si elle m’a émotivée, cette expo, c’est qu’elle en revient aux fondamentaux. Quelques tableaux, de petits formats sauf l’un de format moyen. Et un tableau, c’est quoi ? Un châssis, une toile, des clous sur les quatre cotés pour fixer la toile, et de la lumière. C’est-à-dire de la couleur.
Ces « captures de lumière » alignées sur les murs de coloris marron de la cave Romagnan sont autant de tâches luminescentes. Elles sont tranquilles « comme mon chien qui dort », dirait Léo Ferré. Elles sont d’une apparente banalité représentatives, scènes estives**. Et, curieusement, nous avons l’impression d’être devant des photos d’un album de famille. Sauf que l’artiste, Omar Logang, par le rendu flou des personnages et cette technique nous donnant à croire que nous voyons les personnages comme à travers une vitre bosselée – à l’instar de la célèbre image de Truffaut dans La Chambre Verte – confère une musicalité quasi-impressionniste à ces scènes que l’ont pourrait croire banales.
Mer licht ! (Plus de lumière) aurait été la dernière parole de Goethe sur son lit de mort. La lumière est la vie, la lumière est vie. C’est ce que nous confèrent ces éclats de vie que sont ces œuvres d’Omar Logang .Au demeurant chacune de ses œuvres et une ode à la lumière, une ode à la joie. Et pour en revenir à la photographie, je voudrai dire que Logan, par ces œuvres, renvoie dans ces cordes l’anathème baudelairien.
La nouvelle religion moderne du réalisme photographique relève aux yeux de Baudelaire de l’idolâtrie, car elle privilégie l’imitation au lieu de faire appel à l’imagination, proclamée « reine des facultés » dans le Salon de 1859, en réaction contre le réalisme. La religion photographique est donc un paganisme renaissant ; l’âge de la photographie est celui de la mort de Dieu, car elle initie à une religion de substitution, avec une foi, un credo et un messie. La « triviale image » remplace la « divine peinture ».
Tout se passe comme si la « triviale image » disait à la peinture : « Ecoute, le réalisme, je m’en charge, toi, trouve autre chose, cherche.» Et elle a cherché, et elle a trouvé : l’impressionnisme, l’expressionnisme, le suprématisme, l’abstraction. Mais elle a fini en quelque sorte par se mordre la queue (avec le prophétique Carré blanc sur fond blanc. Omar Logang présente autre chose, peut-être retourne sur une autre nouvelle chose. Plus qu’un nouvel impressionnisme, je préférerais parler d’un impressionnisme nouveau.

Roland Barthes, dans La chambre claire (indispensable, ça se trouve en Poche) parlait du punctum qu’il entendait non pas comme la zone d’acclimatation visuelle, mais comme étant ce qui lui point, ce qu’il affecte. De facto, dans chaque photo, comme dans chaque tableau, chacun à son punctum.
Chaque œuvre d’Omar Longang me point.
C’est à la Cave Romagnan, 22 rue d’Angleterre, jusqu’au 30 juin. Et si vous y allez –pardon, quand vous vous y rendrez – le taulier à un Côtes du Rhône à tomber. Moi, j’dis ça, j’dis rien…
Jacques Barbarin
*mot valise « barbarinien » mixage de ému et motivé
** l’estive est la période de l’année où les troupeaux paissent sur les pâturages de montagne. L’estive culmine au mois d’août, lorsque les troupeaux accèdent aux altitudes les plus élevées.
Congratulation my dear friend, maybe you don´t remember me. I made the exposition in spain with you. I am Ernesto Hernandez. you are an excelent painter. Your painting are excelent. where are you living now. God bless you all the time.