Théâtre / Bad news from the stars: Jacques Lassalle

J’avais terminé l’année avec le départ de Pierre Debauche. Je pensais en avoir terminé,
et, las ! (hélas) madame Grande Faucheuse remet le couvert. Bon, d’accord,
elle a eu la décence d’éviter le jour de l’an mais….

Et c’est le théâtre qui s’y colle une fois de plus. Dans la carrière du parti (sans laisser d’adresse) il y a, de 1983 à 1990 la direction du Théâtre  National de Strasbourg (rappelons qu’il n’a que six Théâtres Nationaux en France). De 1990 à 1993 il passe à un autre Théâtre National, la Comédie Française dont il devient l’Administrateur Général. Excusez du peu.
Et si le deuxième cité est plus connu par le grand public que le premier, celui-ci n’en n’est  pas de moindre importance, loin s’en faut, notamment par la présence dans ses locaux de l’Ecole Supérieure  d’Art Dramatique.  Celle-ci assure 6 formations : acteur, metteur en scène et dramaturge, scénographe et créateur de costumes, régisseur et technicien du spectacle.
Mais revenons à notre disparu. Né en 1936, il est agrégé de lettres modernes, puis étudie au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD), il enseigne à l’Institut d’études théâtrales de l’Université Sorbonne Nouvelle  Paris 3, puis au CNSAD.

Il a à son actif largement plus qu’une centaine de mises en scène. « Je me souviens » que grâce à lui j’ai découvert deux auteurs, Véronique Olmi avec Chaos debout (Avignon 1998) et Jean Claude Lacarrière avec La Controverse de Valladolid, au Théâtre de Nice. Bon, Euripide, en 2000, je connaissais, mais j’ai eu le bonheur de voir Isabelle Huppert dans sa mise en scène de Médée, dans la Cour d’Honneur. La Cour d’Honneur, Médée, Isabelle Huppert, ça vous marque…
Il signe deux mises en scène d’opéra, toutes deux en 1982, toutes deux à l’Opéra de Maris : Lohengrin de Wagner et Lear, du compositeur allemand  Aribert Reimann né en 1936.
En tant que directeur du Théâtre national de Strasbourg, il monta Mélite de Corneille avec la classe des stagiaires. Pendant la longue première scène qui sert à exposer l’action, les deux acteurs en scène se déshabillaient puis endossaient d’autres vêtements, animant la scène de mouvements vraisemblables. Lassalle a repris cette idée de mise en scène dans d’autres pièces. Il  fit jouer le même personnage par deux acteurs, avec des costumes identiques pour que le spectateur les identifie.
En 1967 il fonde le Studio-Théâtre de Vitry qu’il dirige jusqu’en 1982 et pour lequel il écrit plusieurs pièces. Ce théâtre produit des premières mises en scène de 1967 à 1982.  Depuis 1994 il dirige la Compagnie pour Mémoire et enseigne à nouveau au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. En juin 1998, il obtient le Grand Prix National du Théâtre et assume la présidence de l’Association Nationale de Recherche et d’Action théâtrale (ANRAT) depuis mai 2000.
Il est l’auteur de dix ouvrages, roman essais, pièces de théâtre. Je recommande Conversations sur la formation de l’acteur avec Jean-Loup Rivière, Actes Sud, 2004. Il avait proposé de faire graver au fronton de tous les théâtres le formule « C’est ce qui est le plus drôle qui est le plus profond » pour montrer son opinion du théâtre comique, qui d’après lui peut être tout à fait sérieux.
Il écrit dans le Petit dictionnaire du théâtre (Editions Théâtrales): « C’est terrible, le commerce des grandes œuvres ; où trouver l’énergie et la certitude d’avoir encore à écrire quand on fréquente Sophocle et Shakespeare ?”
Il raconte à Celia Daniellou Molinier  dans en entretien intitulé « De l’émerveillement à la maitrise »*pour la revue Agôn l’épisode savoureux de sa première lise en scène dans la cour d’Honneur :
 J’ai tellement de souvenirs d’accidents, d’incidents, survenus lors des représentations… Ne serait-ce qu’à propos des spectacles que j’ai mis en scène dans la Cour des Papes à Avignon – nous avons connu le mistral, la tempête, l’orage, la canicule,… J’ai l’embarras du choix ! Par exemple, le premier spectacle que j’ai monté dans la Cour d’Honneur était Don Juan, de Molière. Lors de la première, le spectacle a été interrompu à l’entr’acte par un orage très violent et n’a pas pu reprendre : le plateau était trop dangereux, la pluie l’avait rendu très glissant et avait abîmé le décor. Pendant quatre heures, on a demandé aux spectateurs  d’attendre, réfugiés sous des bâches, sous les gradins. C’était un moment très particulier, car c’était la première, une première qui avait lieu dans un contexte très politique… En principe, la décision de reprendre ou de ne pas reprendre appartient au metteur en scène, mais là, c’était beaucoup plus compliqué : il y avait la direction du festival, la Mairie d’Avignon, les deux ministres de la Culture de l’époque, le sortant et l’arrivant : l’un voulait absolument que ça reprenne, et l’autre que ça s’arrête… Finalement la pièce n’a pas repris car les conditions de sécurité minimale pour le public et pour les acteurs ne pouvaient être remplies. Le ciel se serait-il vengé ? Dans la pièce, Don Juan l’apostrophe directement pas moins de 53 fois.

 

Il, lui, c’était Jacques Lassalle parti le 2 janvier 2018 pour de nouvelles controverses

 

Jacques Barbarin

*http://agon.ens-lyon.fr/index.php?id=1269

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