Cinéma / Disparition : Jonathan Demme, le défenseur des droits de l’homme.

Le cinéaste de Le silence des agneaux (1991), Philadelphia ( 1993) et Ricky and The Flash ( 2015 ) , est décédé à l’âge de 73 ans emporté par un cancer de l’oesophage . Son cinéma est empreint de ce qui a été toute sa vie au cœur de son combat pour les droits de l’homme pour lequel il avait fondé  l’association «  artists for démocraty in Haïti  ».

Jonathan Demme au 65 ème Festival de Venise .

22 Longs métrages  et de nombreux documentaires . Des Films engagés dans les combats comme celui pour la Défense de la démocratie en Haïti ,  ou lutte contre le fléau du Sida dont il fut un des premiers à la populariser avec son film Philadelphia ( 1993 ) devenu succès mondial qui valu l’oscar du meilleur comédien à Tom Hanks pour sa remarquable interprétation d’un malade victime d’un fléau qui se répandait, alors inexorablement faute d’antivirus permettant de sauver ceux qui en étaient porteurs . Le film eut un impact mondial qui favorisa à la fois  la prise de conscience de la nécessité de  la prévention ( préservatifs ) ,  la création de nombreuses associations d’aide aux  malades  et  la récolte de fonds pour la recherche médicale .   Le grand public se souvient également de Le Silence des Agneaux (1991 adapté de la Trilogie de Thomas Harris ,Hannibal Lecter . Le film fit sensation avec Anthony Hokins    ( oscar du meilleur comédien ) et Jodie Foster ( oscarisée également ) dont le face- à -face est encore dans tous les esprits. Son dernier film Ricky and The Flash (2016 ) avec en tête d’affiche Meryl Streep et Kévin Kline , racontait la «  saga » d’un couple et duo de Rock Stars aux vies libres et mouvementées . Mais ce sont aussi de nombreux reportages et documentaires politiques dont le remarquable the Agronomist (2003 ) , et ( ou ) musicaux , dans lesquels il se plaira à s’investir . Cinéaste sans contraintes , il abordera tous les genres , se laissant tenter par le cinéma indépendant pour sortir des carcans hollywoodiens …

Anthony Hopkins, Jodie Foster et Scott Glenn dans Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme

Né en 1944 dans l’état de New-york , jeune étudiant à l’Université de Floride , il y découvre sa passion pour le cinéma qui va l’entraîner rapidement vers  les compagnies et les différents métiers  du 7ème art ,  qui vont lui permettre de s ‘en approcher et, surtout de s’initier . C’est la rencontre avec Roger Corman qui en sera le moteur grâce à une collaboration dans laquelle il s’inscrit avec la société de production de ce dernier . Elle lui permet de faire ses premiers s pas , d’abord comme scénariste , puis comme réalisateur  en 1974 avec Cinq Femmes a abattre dont il signera aussi  le scénario , suivi par Crazy Mama en (1975) . Succès d’estime qui l’inscrit dans la « mouvance » des jeunes cinéastes du cinéma Américain des années Soixante-Dix . Une des plus riches du cinéma d’outre-atlantique que les nouvelles générations de cinéaste ( scorsese , spielberg … ) ont contribué à enrichir . Jonathan Demme porté par ce vent nouveau ,  poursuit son apprentissage avec films des films de genre ( Colère Froide , Meurtres en cascades ) qui lui permettent de finaliser et trouver son propre style . Dangereuse sous tous rapports , interprété par Mélanie Griffith et Jeff Daniels , présenté hors compétition au Festival de Cannes en 1987 , va être le déclencheur qui lui permet une visibilité internationale , suivi par Veuve mais pas trop         ( 1988), belle réussite . Ses ambitions se concrétisent , et en 1991 , c’est Le silence des Agneaux évoqué ci-dessus ,  qui va le propulser au sommet. Son sens du récit , comme celui de la direction d’acteurs,   y font merveille…

Tom Hanks dans Philiadelphia de Jonathan Demme

Désormais Hollywood et les oscars lui font les yeux doux . Et  la décennie sera fructueuse qui lui permettra de se saisir de sujets qui lui tiennent à cœur  . Ainsi après le deux « chocs »        ( Hannibal Lecter et le Sida ) , il fait  une court pause  ne voulant pas se laisser griser  par le succès . Et en 1988 il adapte  Toni Morrison ( Prix Pulitzer)  avec Beloved (1999 ) et son récit sur l’histoire de cette ancienne esclave (incarnée Oprah Winfrey ) qui paya  chèrement sa liberté dans l’état de l’ Ohio en 1873 juste après la guerre civile, y  explorant   le passé de la nation , du racisme et de la démocratie . Des thèmes  qui lui sont chers , et qu’il continue de  traiter dans la Vérité sur Charlie ( 2002) où il associe son goût du thriller à la thématique de la manipulation dont son héros se retrouve au cœur . Suivi par Un crime dans la tête (2004) remake du film de John Frankenheimer de 1962 dont il déplace le sujet  de la dénonciation de la guerre , évoquant les séquelles des soldats qui en ont réchappé en les replaçant dans le contexte de la guerre du Golfe  en pleine actualité alors. Deux films dont les thèmes  abordés  firent  débat  et  accueillis par  un succès mitigé ,  qui l’incitent à revenir à  son désir d’indépendance et de liberté  dont il a  connu les  fondamentaux à ses débuts avec Roger  Corman. Sans pour autant délaisser son désir de fiction ( Rachel se  marie / 2008 ), il va se consacrer a des sujets et thématiques qu’il peut approcher sous une forme documentaire et d’investigation…

le journaliste Jean Dominique dans The Agronomist ,de Jonathan Demme

Une riche période d’investigations documentaire où la politique est au cœur avec deux œuvres qui en forme de témoignages passionnants . L’un sur la liberté de la presse , l’autre sur l’évolution de l’Amérique des années 1990 . Le premier The agronomist (2002 ) que nous avions découvert au Festival de Venise , est consacré au journaliste Haïtien, Jean Dominique. Ce dernier militant avec sa femme à Radio Haïti -inter, pour une information libre , fut assassiné en 2000 . Le film décrit les principaux épisodes de son combat, accompagnés de témoignages recueillis auprès de la population . Un documentaire remarquable  . De la même manière que l’est celui consacré à Jimmy Carter ( Jimmy Carter , Man From plains/ 2007 ) vu également au Festival de Venise . Il brosse un bilan remarquable sur la Présidence  du  Président démocrate , sur  sa politique intérieure et extérieure,  illustré par des documents et témoignages inédits . Si the agronomist a fait l’objet d’une distribution en salle , celui consacré à  Jimmy Carter à notre connaissance , est resté inédit . On ajoutera ceux reflétant l’autre passion du cinéaste , la musique ,  et surtout celle du grand Neil Young ( dont le plus  célèbre , Neil Young :  heart of Gold / 2006)  qui l’a amené à l’approcher et à  lui consacrer trois documentaires . Trois approches  passionnantes   de l’homme, de sa création et de ses engagements citoyens , qui se révèlent tout aussi remarquables  que celles  consacrés par Martin Scorsese  à Bob Dylan, ou aux Rolling Stones …

Neil Young dans ue scéne de The Heart of Gold de Jonathan Demme

Enfin , ajoutons à la diversité de son travail  celui pour la télévision , pour laquelle il a signé en 1976, un épisode de la célèbre série Columbo . Un téléfilm Who am I this time ?.( 2002) , une réflexion sur le théâtre et  le double visage du comédien , inspirée du célèbre Un Tramway Nommé désir de Tennessee Williams. Il a signé également plusieurs épisodes des saisons de la célèbre série  Télévisée , The Killing .
Un filmographie marquée par la diversité ,l’engagement et l’indépendance à laquelle il a toujours été attachée. Son cinéma va nous manquer . Souhaitons que les chaines cinéma lui rendent hommage et permettent surtout de découvrir ses remarquables reportages et documentaires , notamment ceux qui sont restés  inédits en France …

(Etienne Ballérini)

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