MADEMOISELLE de Park Chan-Wook .
Après Old Boy ( 2004 ) et Thirt’s (2009 ) le nouveau film du cinéaste Sud -Coréen , adapté du roman de Sarah Waters , est un superbe et bluffant récit de manipulation et de jeux de miroirs autour de la destinée d’une jeune Coréenne qui va devenir la servante d’une Riche Japonaise . Sélection Officielle en Compétition au dernier Festival de Cannes….

Le cinéaste a transposé l’intrigue du roman qui se situait dans les années Dix huit Cent lors de la colonisation de l’Angleterre Victorienne pour le projeter un siècle plus tard en 1930 sous l’occupation Japonaise dont la scène d’ouverture du film installe d’emblée les données du sort de cette jeune servante Coréenne , Sookee ( Kim Tae-Ri) qui va se retrouver la « mademoiselle » d’une riche Japonaise vivant recluse dans un manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique . Le poids de la « domination » étrangère qui s’inscrit dans cette première séquence qui influe sur le destin de l’héroïne , va peser aussi sur le développement d’un récit dont le cinéaste va se servir pour y inscrire au travers de sa mise en scène tous les éléments qui en découlent. Ceux qui se font révélateurs de ce que cette situation implique comme jeux de société , de différences de classes sociales, de rivalités et de pouvoirs … que vont révéler au travers des points de vues respectifs de la servante et de la riche japonaise qui composent les deux premières parties du film . On s’apercevra rapidement , en effet , que la Demoiselle a un secret qui va lui permettre (avec l’aide d’un escroc ) de se défaire du joug. Puis , lors de la fuite au Japon , ce que cette troisième partie va décliner comme ambiguïté au cœur d’une soumission ( servante – maîtresse )qui prend des dimensions inattendues de domination et de manipulation …
Le cinéaste compose , lui , une sorte de vertigineuse mise en scène des apparences au cœur d’un contexte d’occupation dont se font révélateurs, les décors ( le manoir , la bibliothèque …) , mais aussi les événements extérieurs ( la fin de la guerre , les trafics …) qui s’y déroulent . La manipulation qui est donc au cœur du film et aussi de la mise en scène où au cours des trois parties du récit propose , où les éléments présentés dans l’une se retrouvent contredits dans l’autre et les flash-backs qui interfèrent également au long de celui-ci , y inscrivant changements de points de vues et d’alliances, et autres pièges. La forme de l’humour s’installe parfois dans les dialogues où l’on ne dit pas ce que l’on pense dans cette histoire d’arnaqueurs où la surprise est constante et se décline également dans l’histoire d’amour ( introduite la superbe scène du bain …. ) où s’insinuent la sexualité et les rites dont le cinéaste nous offre quelques séquences torrides et perverses . Park Chan-Wook se délecte dans ce récit des apparences qui ne cessent de changer la donne . Et il les enveloppe dans une mise en scène où le travail sur les décors et les espaces révèlent également les différences de nationalités , de cultures et ( ou ) coutumes . Et dans chacune des trois parties, adopte le point de vue des personnages différents dont elle enveloppe par d’amples mouvements ( travellings ) de caméra et de plans serrés , le jeu des regards et de dupes …

A l’image du comte marchand et bibliophile ( Ha Jung-Woo) qui ordonne les activités du manoir , Park Chan-Wook ordonne lui , à plaisir , le jeu de miroirs et de faux -semblants composant une sorte de mécanique implacable où le souffle de la subversion ( les jeux saphiques) est confiné dans ces décors théâtraux ( superbes séquences en forme de tableaux ) dont l’atmosphère feutrée fait écho et miroir aux bouleversements du monde . Et dont la violence qui s’y déroule ( le suicide de la mère , les objets de tortures … la séquence de l’hôpital psychiatrique ) laisse percevoir l’inéluctable : la disparition d’une classe emportée par les (ses ) turpitudes , et par le mouvement de l’histoire dont la fin du conflit entérine la défaite et permettra de mettre fin au long traumatisme de l’occupation …
(Etienne Ballérini )
MADEMOISELLE de Park Chan-Wook – 2016 – Durée : 2 h 23.
Avec:Kim Min -Hee, Kim Tae-Ri , Ha Jung -Woo, Cha Jin-Woong , Kim Hae-sook, Moon So-ri….
Je trouve que depuis Stoker, on retrouve de plus en plus l’influence de Hitchcock dans ses films…
[…] qu’elle connaît depuis toujours, quelle est enceinte de lui. Ciné+ Emotion à 20h50 Mademoiselle de Park Chan-wook (2016 – 2h24). Années 1930, pendant la colonisation japonaise. Sooke, une […]