La Journée d’hier a été marquée en compétition par deux regards et approches, sur le deuil et la mort avec le film très applaudi Mia Madre de Nanni Moretti et celui de Gus van Sant The Dea of Trees ( la Forêt des songes ) dont l’accueil a été plus mitigé . Dans la Section Un Certain Regard ce furent deux très intéressants regards féminins qui nous ont été proposés avec Nahid le premier film de la cinéaste Iranienne Gurvinder Singh, et le Maryland de la Française Alice Winocour . Hors compétition c’est Natalie Portman qui a fait l’événement sur la croisette avec la présentation de son film A Tales of Love and Darkness sur lequel nous reviendront lors de sa sortie en salles …

Mia Madre ( Ma mère) de Nanni Moretti ( Compétition )
Après son Habemus Papam (2011) est donc revenu en compétition sur la croisette avec son nouveau film dans lequel il fait écho à un deuil personnel , le décès de sa mère qu’il met en scène en substituant et scénarisant le ressenti te le vécu personnel en s’effaçant et en faisant incarner par un personnage féminin et metteur en scène de cinéma comme lui . C’est sans doute l’opportunité d’offrir une distanciation et un recul au traitement du sujet par rapport une douleur personnelle dont le substitut de récit, lui permettrait d’exorciser un certain malaise et lui offrirait une certaine liberté comme le laisse entendre sa déclaration » C’est comme si je me parlais à moi – même , j’ai toujours pensé qu’avec le temps je m’habituerais à puiser au plus profond de moi…mais au contraire plus j’avance, plus je continue ainsi , plus le malaise augmente » . Alors voilà donc Marghérita ( Margerita Buy , merveilleuse), réalisatrice en plein tournage dont les questionnements sur son métier d’artiste se retrouvent confrontés à des problèmes privés ( maladie de sa mère et sa fille en crise d’adolescence ) qui vont interférer, offrant à la tonalité du récit ses diversités , où la dérision et la comédie qui participe aux aléas d’un tournage et aux interrogations sur la créativité et l’engagement artistique, qui font écho à la gravité et à l’approche de la maladie, de la mort et du deuil à faire. Dans la Chambre du Fils (2010, Palme d’or ) Nanni Moretti avait déjà abordé le sujet, mais ici l’approche , lus personnelle et intime , fait écho à un vécu que beaucoup de familles vivent et les difficultés qu’elle rencontrent durant la période où elles y sont confrontées .L’approche que nous en offre le cinéaste avec les réactions et attitudes opposées de Margherita et de son frère incarné par Nanni Moretti . les séquences qui décrivent la lente et irrémédiable évolution de la maladie vers l’inéluctable et tout ce que le famille et les proches tentent pour offrir leur amour à l’être cher et l’accompagner sont traitées à la fois avec pudeur et justesse et sont bouleversantes , mêlant rêves , souvenirs et réalité. .Comme l’illustre le magnifique avant dernier plan final qui illustre après la tragédie de la perte , cette phrase de la mère qui dit » à demain » laissant la place à au plan final de sa fille Margherita qui en garde le souvenir … désormais le deuil , est fait. Reste le souvenir de l’être cher et aimé . Dès lors l’écho que lui renvoie le tournage du film et ses aléas chaotiques avec une Margherita qui n’arriva pas à s »y consacrer perturbée par la maladie de sa mère et par le comédien principal ( John Turturro , irrésistible en star qui se la joue !) et ingérable. Nanni Moretti qui aime bien fustiger le milieu , s’amuse et y va de quelques réflexions bien senties sur les questionnements et états d’âme d’artistes engagés . Et il fait coup double dans les deux tonalités pour nous offrir un superbe film.

the Sea of Trees ( La Forêt des Songes ) de Gus van Sant ( Compétition) . C’est également le théme du deuil et de la mort qui est au cœur du film du Cinéaste d’Eléphant ( Palme d’or 2003) qui . ici c’est le vécu et le ressenti d’un mari dont le couple à la dérive depuis des années , s’était retrouvé dans l’affrontement de la maladie dans une phase de réconciliation qui aurait pu permettre un nouveau départ lorsque la guérison attendue le permettrait . Mais le destin qui en a décidé autrement va plonger Arthur ( Matthew MacConaughey) dans la dépression coupable , et il envisage le suicide. Il a même trouvé l’endroit pour passer à l’acte , La Forêt D’Aokigahara au pied du mont Fugi .Un immense Park d’arbres de 35 Km » réputée pour les nombreux suicides qui y ont lieu dont la légende qui s’y attache dit qu’elle est hantée par des esprits errants. Arrivé sur les lieux alors qu’il s’apprêt à renoncer à la vie dans un endroit qui lui semble propice , Arthur aperçoit un homme blessé et perdu en détresse , et il va aller à son secours poussé par une sorte de pulsion irrépressible. Une série de situations et de dialogues vont se produire au long du parcours des deux hommes pour sortir de l’immense forêt qui semble vouloir les emprisonner . Le parcours pour en sortir et aller en quête de secours sera entrecoupé de flashs-backs qui nous feront assister et comprendre les raisons des multiples déchirements et disputes du couple et de la maladie de Joan ( Naomi Watts) , puis de l’accident . Le choix du procédé et d’uneforled réalisation conventionnelle ne trouve pas toujours l’écho voulu pour nous entraîner dans les arcanes d’une réflexion métaphysique sur le sens et la valeur de la vie dont la rencontre « initiatique » au coeur de la forêt est emblématique . Dommage …

Nahid de Aida Panahandeh ( Un Certain regard )
La jeune cinéaste Iranienne signe un premier film d’une maitrise étonnante où l’intimité d’un quotidien très rude ‘et difficile d’une mère séparée d’un mari « accroc » à la drogue qui l’a faite souffrir pendant des années et dont elle a obtenu la séparation et la garde de son fils à condition qu’elle ne se remarie pas , laisse sourdre en toile de fond, le poids d’une société et des traditions , en même temps que les difficultés quotidiennes d’une vie où il n’est pas facile de se sortir de l’engrenage. Comme le souligne le parcours de cette mère, Nahid , qui désormais est contrainte de vivre de petits travaux et qui n’arrive plus à payer son loyer ni des études à son fils. Acculée par les dettes et sous la menace d’être expulsée , alors qu’un homme veut l’épouser , elle se retrouve liée par le pacte avec son ex-mari et , lorsque la « rumeur » qui fait découvrir à ce dernier la « liaison » qui lui ferait perdre celle qu’il n’a pas cessé de vouloir reconquérir et ce fils dont il pourrait perdre » le droit de visite . Voilà notre ex-mari qui va mettre en action la fratrie familiale contre l’infidèle qui a « sali la famille » faisant parler le poids de traditions et de la morale . Prenant comme otage son fils , il décide de la faire rentrer dans l’ordre et de se soumettre la gardant prisonnière , tandis qu’il use des menaces pour éloigner le prétendant . En toile de fond de cette description intimiste de la séparation d’un couple « mal marié » , c’est en toile de fond la société Iranienne que la cinéaste questionne , pointant le poids des traditions et de la morale , mais aussi les conséquences qu’elles entraînent, avec ce fils tiraillé par les uns et les autres qui fugue de l’école et qui n’a pas de perspectives d’avenir . Plus encore , il y a ces petites notations qui viennent s’ajouter via les personnages secondaires où l’on retrouve les gens en quête de travail , où la misère est visible qui entraîne les multiplications de solutions ( trafics , paris clandestins, violences… ) de substitution pour arriver à survivre ..La déliquescence en marche d’une société . ..et le destin d’une mère qui se bat , et envers laquelle les barrières se dressent pour la faire rentrer dans le rang. La mise en scène et le regard d’un autre femme , met magnifiquement en relief sa détresse et nous la rend palpable.. Du beau travail sur une condition de soumission féminine qui ne cesse d’interpeller, c’est aussi- compte tenu du poids de la censure en Iran , un film courageux et émouvant .

Maryland d’Alice Winocour ( Un Certain Regard ) Après son très remarqué et réussi premier film , Agustine (2012) la cinéaste Française se retrouve dans la sélection parallèle de la Compétition avec Maryland nom de la propriété d’un riche homme d’affaires Libanais dans laquelle un Soldat de retour d’Afghanistan victime de troubles post- traumatiques se retrouvant en attente d’une éventuelle réintégration dans l’armée qui se retrouve reconverti dans la sécurité va être chargé d’assurer celle d’une soirée au cœurs de laquelle de nombreux autres hommes d’affaire et aussi des politiques sont conviés. Une équipe de sécurité est donc chargée de veiller à la bonne marche de la soirée où Vincent ( Matthias Schoenaerts ) va incidemment assister à une altercation avec menaces de la part d’un invité qui s’était déjà manifesté par son attitude agressive lors du « filtrage » de l’entrée des invités de la villa où son nom ne figurait pas. Et de fait l’homme d’affaire Libanais qui s’en va le lendemain charge Vincent d’assurer en son absence la protection de sa femme et de son fils , Ali . La cinéaste qui revient ici sur le thème des crises dues a des formes de révolte ( c’était le cas dans Augustine) ou a des symptômes post traumatiques dont de nombreux soldats lats revenus d’opérations de guerre sont atteints » ne pouvant repartir en opérations , il est un peu comme un ouvrier qu’on met à la casse » explique la cinéaste qui a chois de suivre son personnage dans une situation où il va être contraint par la menace et le danger de retrouver se réactions de défense et un certain équilibre de son corps et psychologique pour faire face à la menace qui se précise par ces hommes de mains qui s’introduisent dans la villa . La cinéaste qui a brossé la cadre d’enjeux d’affaires mafieux et politiques liés à différents trafics dont celui des armes ne fait la toile de fond d’un qui va permettre à son Héros Vincent de vois ses traumatismes ( cauchemars et visions et sons altérés de la réalité ) confrontés à une situation de danger et de décisions à prendre . La cinéaste installe un beau climat d’angoisse , de peur et de vertige et nous y plonge au cœur en nous faisant complices de celles de Vincent et jouant avec les codes du film d’action , créant un suspense efficace qui se fait révélateur d’une sorte d’addiction de Vincent devenu » un homme en état de guerre et qui ne peut plus vivre sans elle » . Une plongée cauchemardesque en forme de thriller ..
(Etienne Ballerini )
Le Programme du Jour :
–Mon Roi de Maïwen ( Compéttion) – Carol de Tod Hanes ( Compétition) – Asphalte de Samuel Benchetrit ( Hors Coméptition) – Zvizdan ( Soleil de Plomb) de Dalibor Matanic ( Un Certain Regard )- Vers l’autre Rive de Kiyoshi Kurosawa ( Un Certain Regard)
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