Cinéma / Journal de CANNES 2015 ( No 1 )

(La 68 éme édition du Festival de Cannes s’est ouverte avec la bénédiction   »  je déclare  ouverte … » de la jolie et talentueuse Julianne Moore ( Prix d’interprétation , l’an dernier ) et la cérémonie d’ouverture a été suivie par la projection du film d’Emmanuelle Bercot La Tête Haute . La réalisatrice qui signe un flm superbe sur une Jeune garçon  à la dérive et en difficulté d’insertion, a monté les marches avec toute son équipe : Catherine Deneuve , Benoît Magimel , Sara Forestier et le jeune Rod Paradot qui est la belle révélation du film …

Rod  Paradot  et Benoit Magimel
Rod Paradot et Benoit Magimel

Le film a fait l’événement hier soir sur la croisette et a frappé les spectateurs par la force de son propos , mais aussi par la manière de le traiter évitant les clichés et distillant une belle énergie positive malgré la gravité du sujet. C’est donc un jeune gamin dont on va suivre le parcours cahotique pendant plus de Dix ans ( de 6 à 18 Ans ) qui est au cœur du nouveau film de la comédienne-Réalisatrice dont on avait aimé déjà l’énergie de son Elle s’en va (2013) , et qui ici , nous propose de suivre une jeune garçon difficile et violent qui porte le poids d’une enfance ,faite de désamour avec un père absent et une mère aimante mais totalement dépassée . Malony ( Rod Paradot) qui va se retrouver rapidement devant une juge pour enfants ( Catherine Deneuve ) et un éducateur ( Benoît Magimel ) qui vont avoir bien du mal à lui faire retrouver le  » bon » chemin , multipliant les mises à l ‘épreuve en foyer d’éducation et de réinsertion et même ,le passage par la prison .
Sur un thème d’actualité qui fait souvent débat dans les médias ( sur les méthodes, les moyens et les solutions à apporter  et anime les  oppositions politiques  sur  la  répression) ) pour arriver à endiguer les dérives d’une jeunesse en mal de repaires qui bascule dans la violence , et la nécessité pour la société de la sortir de l’engrenage, le film sur interpelle sur , justement , les méthodes ( repression ou prise en charge éducative ) sur lesquelles le débat s’enflamme  si souvent.

Catherine Deneuve ( la  juge d'enfants )
Catherine Deneuve ( la juge d’enfants )

La réalisatrice a choisi , pour le traiter la triple dimension d’un récit et d’une mise en scène qui mise sur le réalisme ( naturalisme ) , la fiction et le romanesque qui suit le jeune Malony au plus près de son quotidien scandé par des nombreuses crises reflétant l’engrenage dans lequel il s’enferme , abîmé comme tant d’autres par des situations familiales dramatiques qui entraînent  souvent la démission des parents et se retrouvent  amplifiées par un système scolaire qui ne prend pas le relais et un système répressif ( police , judiciaire) qui se met en marche. Comme l’illustrent les séquences des dérives  ( vol de voiture avec violence , conduite sans permis , violence envers un éducateur ) qui font se retrouver Malony , sous le coup de la loi . Les Tentatives de la juge pour enfants ou celles de l’éducateur ,  le passage en foyer de réinsertion , les centres pour mineurs et délinquants …peuvent-ils éviter la dérive ? . La cinéaste y répond avec le constat d’une réalité et évoque les mots de compassion et de compréhension, pointant le mal et la nécessité d’y répondre par la méthode curative . Faisant percevoir dans de belles scènes le mal être de Malony dont la violence reflète sa propre détestation, Malony qui ne s’aime pas parcequ’il se sent inutile , incapable de changer , de devenir quelqu’un pour se sortir la tête de l’eau …

Malony ( Rod  Paradot)  et sa  mère ( Sara Forestier)
Malony ( Rod Paradot) et sa mère ( Sara Forestier)

Et pourtant le titre du film , la Tête Haute qui semble inscrire l’idée d’un long parcours de rédemption, est plus subtil dans ce qu’il installe comme repères référents ( la juge , l’éducateur) sur ce chemin qui inscrit la nécessité d’une démarche venant compléter celle de la compréhension . La cinéaste explique dans le dossier de presse « l’éducation est un droit fondamental, il doit être assuré par la famille et si elle n’y parvient pas , il revient à la société de l’assumer (…) c’est un travail éssentiel , vital . Comment peut-on sauver la société si ce n’est par l’éducation ? ( …) , la justice des mineurs est fondée sur l’idée que rien n’est totalement joué d’avance pour un enfant et qu’avec une action éducative il est possible de stopper la dégringolade » , dit -Elle . Alors on a aimé le travail remarquable et aboutissement d’une longue enquête de la cinéaste et d’une immersion aux audiences dans les bureaux des juges pour enfants et dans les centres éducatifs, qui lui a  permis d’irriguer et d’imprégner sa mise en scène du réalisme et en même temps de la libérer  de celui-ci , pour y inscrire son regard , son découpage des séquences , son rythme propre donnant à voir des moments de pure mise en scène et créativité ,en même temps que d’une grande justesse d’observation . On a aimé la fiction qui s’y attache et le romanesque que la cinéaste ose et réussit , là encore, en, confrontant l’optimisme à la noirceur  , avec cette belle histoire d’amour et d’éducation salvatrice , entre Malony et la jolie Tess ( Diane Roussel ), aussi  sauvage que lui .
On a aimé aussi les regards et les détails qui s’inscrivent au cœur du récit , comme ce geste de la juge qui dit à Malony   » ne refuse pas la main qu’on te tend » . On a aimé aussi le beau personnage de l’éducateur ex- délinquant qui se prend d’affection pour ce gamin qui lui renvoie tant de choses de son passé … On a aimé, enfin, une distribution parfaite où Cathérine Deneuve ( magistrale ) est suivie sur le même ton par Benoît Magimel et Sara Forestier . Quant’au jeune débutant , Rod Paradot il est un Malony à fleur de peau , aussi violent et détestable qu’émouvant et bouleversant. Chapeau jeune homme…
(Etienne Ballérini)

Aujourd’hui  au programme :
-Mad Max , Fury Road de George Miller ( Hors coméptition)
Umimachi Diary de Hirokazu Kore-Eda .
Saul Fia de Lazlo Nemès.

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