Jusqu’au 4 janvier, le peintre Klimt et Vienne ont les honneurs de la carrière de Lumières des Baux-de-Provence. Une expérience artistique unique et incroyable où le spectateur est propulsé intégralement dans leur imaginaire visuel.

On pénètre dans cette carrière par une petite porte. Il faut encore pousser un rideau et le spectateur est enfin à l’abri de cette grotte calcaire aux murs droits et lisses, construite par l’homme au fur et à mesure de l’exploitation du minerai.
Cet endroit assez majestueux composé de carrières fermées et à ciel ouvert, offrant des volumes impressionnants, a déjà été utilisé dans les années 1960 par Jean Cocteau pour les scènes finales du Testament d’Orphée. Aujourd’hui, inexploitées elles sont devenues des carrières de lumières. Dans la partie couverte des expositions-installations sont organisées chaque année, plongeant intégralement le spectateur dans un univers artistique ou poétique. Et depuis six mois, c’est celui du peintre viennois Klimt et de ses compatriotes comme Shiele et Underwasser.
Sur tous les murs de la grotte, sur le sol aussi, sont ainsi projetés des tableaux ou des détails de tableaux de l’artiste. Le visiteur marche au milieu de la forêt de bouleaux
(célèbre tableau de Klimt), ou admire une galerie de portraits de l’artiste. Les plus célèbres tableaux de Klimt prennent ainsi une force nouvelle, plus poétique et rêvée. En effet, les concepteurs ont su trouver ce qui faisait la grandeur et la force des tableaux de Klimt, parfois un détail comme un cercle d’or, une fleur, un regard. Et l’art du peintre viennois se sublime ainsi dans un lieu où il faut mettre en avant cette part de rêverie et d’imaginaire très présent dans ses œuvres.

Cette vidéo-performance totale est réalisé grâce à de nombreux projecteurs installés dans tous les coins de la grotte. A l’abri de la roche, cette expérience est féérique ry permet de ressentir des émotions nouvelles que l’on ne pourrait pas avoir dans un simple musée. Les tableaux prennent vie. Une pluie s’abat sur les spectateurs, le son ajoutant à cette magie. . Comme pour le mythe de la grotte de Platon, cette Lumière que l’on voit n’est que le reflet de la réalité. Ou bien un rêve. Ne serait-on pas alors plongé dans l’imaginaire de l’artiste. A moins que ce soit le nôtre. Le spectateur fait soudainement partie des tableaux.

Accompagné de musique, ce spectacle de Lumière est une véritable plongée dans l’univers viennois. L’exposition chronologique décrit tout d’abord une Vienne très académique avant d’arriver au moment de Sécession, ce courant lancé par Klimt et qui révolutionna l’art, mêlant beaux-arts et arts décoratifs, précurseur du design moderne.

Les portraits torturés de Shiele, étoile filante de la peinture (il est mort à 28 ans) sont d’une force incroyable, s’étirant ainsi immenses, sur ces murs blancs de calcaires, parfaitement adaptés pour la projection d’images et de lumières.
La visite se termine par l’art d’Hundertwasser. Celui-ci essaya de prolonger sa pratique de la peinture par une application concrète sur l’architecture de sa ville. Il a dessiné des immeubles et maisons qui sont encore actuellement habités à Vienne. Les concepteurs ont alors recréé les rues et son monde où la nature et la ville ne sont pas deux entités opposées.
Les murs de la carrière s’anime ainsi comme une rue de Vienne au centre de laquelle le spectateur déambule. Et puis tout s’anime à nouveau, s’envole et s’efface derrière ces feuilles qui tombent de cet arbre klimtien, clôturant le spectacle.
Cela dure jusqu’au 4 janvier. C’est aux Baux de Provence.
Une expérience merveilleuse.
Julien Camy
Ouvert de 10h à 17h / www.carrieres-lumieres.com
Adultes : 10€ / Réduits (étudiants, enfants – 7 à17ans – chômeurs, groupes à partir de 20 pers.) : 8€ / Enfants (-7ans) : gratuit / Famille : gratuité pour le 2ème enfant d’une même famille