Cinéma / Disparition : MIKE NICHOLS , le satiriste

Mike Nichols, le satiriste.

Le réalisateur oscarisé meilleur réalisateur pour Le Lauréat (1967 ) est décédé à l’âge de 83 ans , des suites d’un arrêt cardiaque. Auteur d’un vingtaine de films par son regard toujours critique sur la société Américains fustigeant les dérives politique ,  l’armée, le conservatisme  et les tabous , il aura marqué de son empreint le Cinéma Américain…

Mike  Nichols
Mike Nichols

De son vrai nom Michaël Igor Peschkowski, Mike Nichols est né à Berlin en Novembre 1931, fils d ‘immigrés Russes qui ont fui la Révolution Bolchévique dans les années 1920 et devront fuir aussi l’Allemagne ( sa mère était juive) à la montée du Nazisme pour se réfugier aux Etats-Unis. Où le jeune Mike, se tournera vers les métiers de la scène ( il fréquente le célèbre Actor’s Studio ) et se consacrera au milieu des années Cinquante, à la comédie ( il formera par exemple avec la comédienne Elaine May, un duo comique à succès ), et à la mise en scène de théâtre plus classique , mais aussi contemporain, dont  la qualité du travail, lui attirent les faveurs des studios hollywoodiens ( La Warner ) qui va lui proposer l’adaptation d’une pièce à succès …

Le  Laureau (Dustin Hoffman)
Le Lauréat  (Dustin Hoffman)

Vous n’avez sans doute pas oublié cette scène de Le Lauréat où le jeune Benjamin (Dustin Hoffman) accueilli par sa famille en Californie qui a organisé une fête en son honneur pour célébrer son diplôme de fin d’études , est abordé par une amie de ses parents Mrs Robinson (sublime Anne Bancroft ) qui lui demande de la raccompagner chez elle… où elle commence à lui faire des avances, et après lui avoir offert à boire l’invite dans sa chambre, et se déshabille devant lui, surpris et gêné !. En fond sonore la chanson « Mr Robinson » de la bande originale du film signée Simon et Garfunkel sera, elle aussi, un succès mondial . Le film tourné en 1967 est devenu celui d’une génération et annonce les mouvements de libération des mœurs et contestataires des Années 1968 et suivantes. Le succès mondial et l’oscar du  meilleur réalisateur décerné à Mike  Nichols , lance  aussi la carrière du jeune Dustin Hoffman , il est le second du cinéaste qui s’était auparavant fait remarquer par la critique et avait obtenu un succès public conséquent pour Qui a Peur de Virginia Woolf (1966) adapté d’un pièce de Théâtre d’Edward Albee et interprété par le couple en vogue de l’époque : Elisabeth Tayor/ Richard Burton. La Carrière du cinéaste, sera  dès  lors , à la fois éclectique ( il abordera avec un certain bonheur presque tous les genres ) et polémique , par son sens de la satire qui ne ménage ni les institutions, ni le conservatisme des mœurs, comme ses deux premiers films cités ci-dessus en témoignent déjà …

Ctach  22
L’affiche  du  film Catch  22

Et que confirmera son troisième long métrage Catch 22 (1970 ) adapté du roman de Jospeh Heller. Une satire sur l’armée et la guerre en forme de comédie noire, qui fait écho à la guerre au Vietnam . Le réalisme et la tonalité absurde du récit  est  entrecoupé de Flashs-backs et de visions du personnages central ( Alan Arkin) . On y voit un capitaine et les membres de son escadron s’engager dans des missions casse-cou , comme une bande d’aliénés qui s’ignorent. Le film, satire féroce de l’armée ( qui n’a pas apprécié…) , est à reconsidérer  (  une  récente  vision me  l’a  confirmé ) car il a été quelque peu été éclipsé par la sortie la même année de M.A.S.H de Robert Altman récompensé ( Palme d’or) à Cannes. Autre satire de moeurs celle-là, sur la sexualité , le désir, la quête amoureuse, le machisme … avec Ce plaisir qu’on dit Charnel ( 1971) qui s’attaque aux tabous et à une certaine forme de censure persistante héritée du code Hays, et va s’attirer la fureur des lignes vertueuses . Est-ce pour calmer un peu le jeu ou se refaire du  succès  mitigé  et des polémiques ?, en tout cas Mike Nichols, fait une sorte de break, et se tourne vers des sujets plus consensuels ( Le jour du Dauphin/ 1973, La Bonne fortune/ 1975 ) qui deviendront des « respirations » nécessaires en forme de pause entre ses films déclenchant les polémiques. En tout cas dans ces respirations, il s’attache toujours à aborder des genres   ( comédie, polar, science-fiction ) et des thèmes intéressants pour offrir au public une bonne copie ( La brûlure/ 1986, A propos d’Henry/ 1991 , Wolf /1994 ou encore Birdcage / 1996, adaptation Us de La Cage aux folles ).

 Le  Mystère  Silkwood
Meyril Streep dans Le Mystère Silkwood

Mais chassez le naturel… Mike Nichols ne peut s’empêcher de toucher à ce qui fâche en 1983 avec Le Mystère Silkwood  adapté d’une histoire vécue par Karen Silkwood  ( incarnée par Meryl Streep ) morte dans des circonstances douteuses alors qu’elle enquêtait sur des actes délictueux dans l’usine de plutonium où elle travaillait dans l’Oklahoma, ce sont les dangers ( la sécurité) et les conditions de travail sans protection appropriée et efficace dans ce types d’Usines chimiques que le réalisateur Pointe avec une belle efficacité . Avec Biloxi Bkues (1998) adapté du dramaturge Neil Simon , il revient sur l’armée et raconte sur les traces de son héros , l’expérience d’une formation militaire dont il décrit minutieusement le quotidien en forme de réflexion sur l’effet psychologique sur les individus. Avec PrimaryColors ( 1998) , sorti en plein affaire « Lewinsky » , c’est à la politique qu’il revient avec l’évocation de la campagne pour la maison blanche de Bill Clinton où il fustige l’hypocrisie et l’immoralité politique .

Closer , entre  adultes consentants
Julia  Roberts  et  Jude  Law  dans : Closer , entre adultes consentants

Question de morale , encore, ce sera celle des Sulfureux jeux d’adultes et des  chassés -croisés des sentiments et de l’hypocrisie des rapports dans le superbe : Closer, entre adultes consentants (2004) . Enfin , comme s’il fallait boucler la boucle de manière prémonitoire, c’est la satire politique sera encore au cœur de son dernier film La Guerre selon Charlie Wilson (2008 ), où, par  le biais de son héros éponyme interprété par un Tom Hanks étonnant, il est question du programme Secret d la CIA en Afganistan en 1979.
Le film , satire féroce de la diplomatie et du secret défense qui la protéège, fustige sans détours , la politique extérieure et internationale Américaine de l’époque de Ronald Reagan…   le  film  clôt, de  belle manière,  la carrière  en dents de scie ,du cinéaste .
( Etienne Ballérini )

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