JIMMY’S HALL de Ken Loach.
Présenté en Compétition officielle au Festival de Cannes 2014, le dernier film du grand cinéaste sort en DVD . Un belle opportunité pour le revoir (ou le voir )… ou l’offrir à vos amis , à l’occasion des fêtes de fin d’année . On vous (re) propose ci-dessous, notre critique à chaud lors de sa projection sur la Croisette …

Dans Le Vent se lève (2006 , Palme d’or Cannes ), le cinéaste avait évoqué la lutte pour l’indépendance Irlandaise ( 1919 -21 ) et la guerre civile qui s’ensuivit . Le héros de son nouveau Film Jimmy Gralton ( Barry Ward ) en a été un des protagonistes contraint à un exil perdant Dix ans aux Usa où il a entre autres découvert le Jazz. De retour au Pays en 1932 , il est décidé à s’occuper de la ferme familiale et de sa veille mère qui a souffert de toutes ces tensions politiques et qu’il veut accompagner dans ses vieux jours . Mais , si le nouveau gouvernement a ouvert les brèches pour un possible retour à la paix , les rancoeurs ne ce sont pas éteintes , et surtout, les séquelles des luttes d’hier sont en train de se cristalliser sur un autre terrain , celui du pouvoir et de l’argent, et soutenu par l’église , qui entend bien barrer la route à tous ces syndicalistes et communistes qui mènent les luttes pour leur travail , et (ou ), pour ne pas se laisser confisquer leurs terres . Les jeunes du conté sollicitent Jimmy pour qu’il restaure et rouvre le foyer ( hall) laissé à l’abandon consécutivement aux événements passés , afin que des activités culturelles puissent s’y développer ainsi que des fêtes et bals pour se divertir . L’élan porte ses fruits et le « hall » est remis à neuf avec avec une belle solidarité . Le succès au rendez-vous , les autorités et l’église y voient l’incitation à la débauche et une mainmise inacceptable des « rouges » . Et Jimmy est vu désormais à nouveau comme un danger par les tenants du pouvoir , et , les extrémistes poussés par le grand propriétaire foncier et l’église vont faire corps contre lui et vont user de leurs sombres méthodes violentes pour y parvenir . L’opportunité leur est offerte , son action pour soutenir et réintégrer une famille expulsée de ses terres par le grand propriétaire trouve le soutien d’une grande partie de la population villageoise , la traque lancée contre lui pour l’expulser à nouveau va s’intensifier …

Ken Loach qui reste fidèle à ses collaborateurs ( Paul Laverty , au scénario ) , construit son nouveau film dans la tradition de ses précédents où il fustige les pouvoirs répressifs et leur oppose la lutte nécessaire de la dignité et de la solidarité … Jimmy réussira même dans son combat pour la communauté à infléchir quelques ardeurs chez l’ennemi « on a voulu lui opposer un homme d’église qui, tout en étant d’une agressivité féroce , ne se résumerait pas qu’à cela car il respecte l’intégrité de son ennemi , Jimmy possédant de vraies qualités que le prêtre ne pouvait pas, ne pas remarquer » , dit Ken Loach dans le dossier de presse , et s’y ajoute même, le point de vue de l’assistant du prêtre qui exprime son opposition contre les méthodes violentes employées dans une réunion avec les autorités locales et la police . Inspiré de la vie de Jimmy Gralton , Ken Loach n’a pas voulu faire de lui un « militant caricatural » , ni lui opposer , notamment comme il le dit ci- dessus des hommes d’église qui le seraient aussi , par contre la charge contre l’homme de pouvoir qui cherche à faire fructifier ses intérêts en spoliant les fermiers de leur terres , elle , est sans ambiguïté.
Superbement écrit et filmé avec une efficacité étonnante , le film saupoudré de jolis moment de comédie ( la vie qui s’installe dans le Hall restauré ) qui renvoient l’écho d’une possible « manifestation de liberté (…) un danger pour ceux qui cherchent à exercer leur contrôle », comme le dit, Ken Loach .
(Etienne Ballérini )
JIMMY’S HALL de ken Loach- 2014- Sélection officielle en compétition , Cannes – Avec : Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott, Jim Norton, Francis Magee, Karl Geary