Je me souviens d’une nuit américaine
Je me souviens de ce choc d’amour pour le cinéma, en particulier celui de Truffaut, quand j’ai vu « La nuit américaine ».

Je me souviens que Truffaut jouait le rôle du réalisateur du film qu’il tournait à la Victorine, « Je vous présente Paméla ».
Je me souviens qu’à la fin il disait à Jean Pierre Léaud : « Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail de cinéma »
Je me souviens que cette phrase me faisait penser à celle de Godard : « Le cinéma c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde. »

Je me souviens que le procédé dit de la nuit américaine (day for night) est une technique cinématographique qui permet, grâce à l’utilisation d’un filtre, de tourner de jour des scènes, généralement en extérieur, censées se dérouler la nuit.
Je me souviens que, outre Truffaut et Léaud, il y avait dans ce film Jacqueline Bisset, Jean Pierre Aumont, Valentina Cortèse, Dani, Bernard Menez, Nathalie Baye, Alexandra Stewart, Jean François Stevenin…

Je me souviens du nom du régisseur, Lajoie. Sa femme l’engueulait tellement que toute l’équipe du film avait rebaptisé le couple « Le chagrin et la Pitié ».
Je me souviens que Truffaut a gagné avec La Nuit Américaine l’oscar du meilleur film étranger en 1974.
Je me souviens que le premier éditorial d’André Bazin, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma (qui étaient plus Godard que Truffaut) s’intitulait « Comment peut-on être « hitchcoko-hawskien » ?
Je me souviens que je n’ai aucun mal à être truffaldo-godardien, comme Serge Toubiana, actuel directeur de la Cinémathèque Française.
Je me souviens que la Cinémathèque française http://www.cinematheque.fr/ organise du 8 octobre au 25 janvier 2015 une exposition sur Truffaut mort il y a 30 ans.
Je me souviens que je me souviendrais toujours de François Truffaut.
Jacques Barbarin.