Deauville, 40 ans de Cinéma américain
Once upon a time in Calvados…
Comme tous les ans, à la fin de l’été, les Planches de Deauville prennent des allures de Croisette. La station balnéaire de la Côte fleurie, avec ses files d’attente, son tapis rouge, ses invités et ses stars, ses tenues et robes de soirée, et, quand même, ses films et la Compétition, ressemble, plus modestement il est vrai, au Festival de Cannes. Cette année pourtant, les similitudes étaient plus évidentes puisque le Festival du Cinéma américain célébrait son 40e anniversaire, du 5 au 14 septembre…

Même au milieu des années 70 « made in France » il fallait une bonne dose de folie pour mettre sur pied un Festival du cinéma américain. Pourtant, c’est le pari qu’ont relevé deux hommes et amis, André Halimi, journaliste, réalisateur et producteur, et Lionel Chouchan, homme de pub, écrivain et journaliste. C’est en 1975 que le Festival du Cinéma américain de Deauville voit le jour, avec pour but de « montrer au public français, sans ostracisme, sans barrière et sans parti pris, des films que seuls quelques privilégiés – émerveillés ou étonnés – ont découverts à New York ou à Los Angeles ».
Dès la première édition, le public répond présent, mais les stars ne sont pas au rendez-vous. En 1977, le Festival prend un nouvel élan. Anne d’Ornano, maire de Deauville déclare lors de l’ouverture : « Hollywood s’est trouvé un verger en Normandie ».Gregory Peck, Vincente Minnelli et Sydney Pollack sont présents sur les Planches pour l’hommage qui leur est rendu et la présentation de LA GUERRE DES ETOILES provoque une belle bousculade.

Considéré à l’origine comme une rampe de lancement des grosses productions de l’industrie du cinéma américaine, le Festival a, depuis, évolué. Compte tenu du rééquilibrage qui s’est opéré en faveur du cinéma indépendant, une compétition ouverte aux premiers et seconds films a vu le jour il y a vingt ans. Elle a permis de découvrir un grand nombre de cinéastes et d’accompagner vers une reconnaissance internationale des films comme CA TOURNE A MANHATTAN de Tom DiCillo, DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH de Spike Jonze, ou LITTLE MISS SUNSHINE de Jonathan Dayton et Valerie Faris.
Dernièrement, le Festival s’est ouvert aux documentaires, avec Les docs de l’Oncle Sam, et aux sériés télé.
Cette année, outre les Premières avec, notamment, le nouveau Woody Allen, MAGIC IN THE MOONLIGHT en ouverture, et SIN CITY : J’AI TUE POUR ELLE de Robert Rodriguez et Frank Miller en soirée de clôture, les documentaires, les Nuits américaines qui ont permis de voir ou revoir les films primés depuis vingt ans, le Festival a rendu hommage à la comédienne Jessica Chastain, au réalisateur John McTiernan, aux comédiens Ray Liotta et Pierce Brosnan, au comédien et scénariste Will Ferrell et au producteur Brian Grazer.

Invité, le cinéaste James Cameron a fait faux bon (ainsi que son avatar) sans donner d’explication. C’est presque devenu un classique, car en 1977 déjà, Elizabeth Taylor annula sa venue à Deauville à la dernière minute !
Si cette 40e édition rendait hommage officiellement à de récents disparus, Lauren Bacall et Robin Williams, on ne pouvait s’empêcher de penser également à André Halimi, cofondateur du Festival, décédé en décembre 2013, et à Philip Seymour Hoffman, mort le 2 février 2014, acteur principal de UN HOMME TRES RECHERCHE (sélection compétitive) réalisé par Anton Corbijn,

(Photo: Philippe Prost )
Face à l’impossibilité de « se mettre en quatre » ou de se cloner, le programme chargé fut source de dilemmes et obligea à des choix cornéliens. La pause déjeuner fut réduite, d’autant plus que l’objectif était de suivre l’un des temps forts du Festival, la Compétition. Alors on se priva sans regret du « délicieux » « Burger Festival » avec frites, salade et « drink » (…à 21€ quand même), mais aussi d’une balade sur les Planches sous le soleil ! Le plaisir de partir à la découverte de films et d’histoires originales et de nouveaux talents valait bien quelques sacrifices !
(à suivre)
Rédaction : Philippe Descottes – Photos : Philippe Prost