Musique / Le printemps des arts en 5 week-ends !

Le festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo va avoir 30… printemps. Il commence ce vendredi 14 mars pour se terminer le 13 avril. Cinq beaux week-ends pour découvrir principalement une musique contemporaine et classique, mais pas que. Invitation à une autre façon d’écouter et de faire.

affiche-2014Pour cet anniversaire, le programme est riche et éclectique, à l’image de ce que propose Marc Monnet, le directeur du Printemps des Arts (PDA), depuis 10 ans. Pour lui, ce sera donc aussi un anniversaire. Ce directeur qui est aussi compositeur, n’hésite pas, dans sa programmation, à bousculer les genres, les époques, les us et coutumes et apporter un regard différent sur les arts et la musique en invitant des compositeurs contemporains et actuels, des musiques traditionnelles, de la danse mais aussi de grands orchestres de renommée internationale pour interpréter des œuvres classiques ou contemporaines. En résumé, le requiem de Mozart ou la Neuvième symphonie de Beethoven ne seront pas joués au Printemps des arts – ou alors par un orchestre de légumes ! Et encore…

Scriabine et Haydn. Ainsi pour l’ouverture, vendredi 14 mars, c’est l’Orchestre philharmonique royal de Liège qui interprétera la première partie du Portrait Scriabine avec la symphonie n°2. Scriabine (1872-1915) est qualifié de compositeur « symboliste, théosophe, mystique, ésotérique ». Il fit le lien entre la fin du romantisme et la « modernité lyrique et démesurée ». Au total, quatre concerts viendront composer ce portrait Scriabine sur l’ensemble du festival avec deux autres grands orchestres symphoniques, celui de la Rai et de Monte Carlo.

Orchestre Philarmonique Royal de Liège
Orchestre Philarmonique Royal de Liège

Un autre grand compositeur fera l’objet d’un portrait en quatre parties, c’est Haydn (1732-1809). Plus connu que Scriabine, Haydn n’est évidemment pas de la même époque et couvre dans la période classique, les styles baroques et romantiques. Tout commencera par un Quatuor à cordes le deuxième week-end.

La Hongrie. Depuis quelques éditions, le PDA met à l’honneur les cultures musicales de pays (Congo, Cambodge, Turquie…) Ainsi, toujours le premier week-end (14 au 16 mars), la Hongrie est invitée pour une « Nuit Hongroise ». Ce pays est un carrefour d’influence, un berceau musical où le célèbre Gyorgi Ligeti (1923-2006) est né. Célèbre pour sa musique de 2001 Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, Ligeti a une œuvre assez iconoclaste passant par le contemporain, la musique dodécaphonique mais aussi la musique de chambre. A Monaco sera jouée une œuvre rare et intrigante, « Poème symphonique pour 100 métronomes ». Il faut dire que Ligeti a beaucoup travaillé sur la répétition dans ses compositions. Dans cette nuit hongroise, on retrouvera aussi de la musique traditionnelle et populaire avec l’ensemble Zengö et l’orchestre philarmonique de Monte Carlo autour d’œuvres contemporaines illustrant l’influence orientale sur les compositeurs hongrois.

Ensemble Zengö
Ensemble Zengö

Et toujours le premier week-end, le dimanche, le pianiste Philippe Bianconi jouera Debussy, un artiste qu’il connait parfaitement et qu’il joue à la perfection.

Surprenant. Le deuxième week-end verra la maintenant célèbre Nuit Surprenante. L’artiste Pierre Jodlowsky reliera une musique abstraite avec un geste dansé. Puis deux autres expériences sonores avec Stockausen et sa musique spatiale où la forme continue de ses compositions est une suite de moments discontinus. Cette nuit est donc très contemporaine* mais ce sont à chaque fois des expériences inédites et rares qu’il ne faut pas rater. Ce n’est pas demain la veille, ni hier aujourd’hui, qu’on pourra de nouveau y assister.

Le directeur Marc Monnet présentera le 2 avril sa composition intitulée Bibilolo. Trois représentations dont deux dédiées aux enfants. Cette pièce en hommage aux clowns fait appel à des sons étranges et fascinants. Il faut dire que l’imaginaire de Marc Monnet crée une musique pleine de surprises, un univers très particulier où les sons de tous horizons se répondent entre eux. Ici, cette pièce est un festival de sons et aussi d’humour qui a reçu le Prix des lycéens.

La danse Bûto
La danse Bûto

Japon. Toujours animé par cette découverte de musique différente, venant d’ailleurs, le troisième week-end sera tourné vers le Japon avec des œuvres d’un compositeur contemporain, Takemitsu (1930-1996). Celui-ci passionné par la musique française (Satie, Messiaen, Debussy), fera en sorte que sa musique dépasse le cliché d’être entre orient-occident. S’il utilise des instruments traditionnels japonais, il cherchera une universalisation de sa musique, au-delà des opposition/association de cultures. Durant cette soirée, son œuvre sera associée à une œuvre de Debussy. Elles seront jouées par l’Orchestre national de Lyon.

Dans ce coup de projecteur sur la Japon, il y aura aussi, printemps des arts (multiples) oblige, une cérémonie du thé, de la pensée Zen, une démonstration d’Ikebana, de la musique traditionnelle avec de la danse Bûto. Cette danse récente, en « écho au traumatisme de la bombe », lente et ramassée, rompt avec les traditionnels et beaucoup plus anciens Kabuki et Nô. Et un autre compositeur contemporain japonais sera à l’honneur : Hosokawa.

Maroc. Passons directement au dernier week-end. Tout d’abord le samedi, il y aura une rencontre des conservatoires le samedi avec notamment la pièce de Sciarrino pour 104 saxophones*. Tous les conservatoires de la région s’y sont mis ( !) et ont envoyé leurs élèves pour l’interpréter. Puis dimanche, en clôture du festival une Journée marocaine. « Il serait impossible en une journée de témoigner de la diversité de la musique populaire au Maroc, nous nous sommes donc limités à la musique de la haute montagne » explique les organisateurs. Une musique qui n’a pas souvent l’occasion de se livrer, de quitter les cimes qui la protège. Le PDA traversera donc le Haut-Atlas d’Est en Ouest et sa culture berbère avec le dimanche matin à 11h, l’ensemble d’Imichil. Il continuera sa route dans les vallées marocaines, découvrant les influences andalouses et berbères de trois ensembles (Aglagal, M’almates, d’Ahouach) et d’un compositeur Ahmed Essyad qui a créé une œuvre en relation avec la musique berbère dont il est issu.

Et cet anniversaire !

Le livre anniversaire du Printemps des Arts de Monte Carlo, 30 ans de festival !
Le livre anniversaire du Printemps des Arts de Monte Carlo, 30 ans de festival !

Si vous avez été un lecteur attentif – ce que je doute pas, vous aurez remarqué que j’ai sauté le week-end 4 ! Mais c’est le week-end dédié à fêter les trente ans et je le gardais pour la fin bien évidemment.

Tout d’abord, il y a eu l’édition d’un fabuleux livre retraçant par de splendides photos ces trente ans de programmation, de découvertes et de rencontres. Photos des artistes passés par le PDA mais aussi des spectateurs et de ces échanges, de ces surprises aussi. Un texte vient rappeler l’historique du PDA et en fin d’ouvrage l’ensemble détaillé de la programmation des trente éditions. Quel travail ! Ainsi, en plus d’être un merveilleux ouvrage d’art, ce livre est une mémoire vive, une trace formidable pour figurer la richesse de ce festival.**

Cette journée anniversaire se déroulera le 6 avril et commencera à 17h avec une grande parade place de Casino interprétée par les élèves des conservatoires de la région. C’est sûr que cela va donner un peu de vitalité à un endroit de Monaco plutôt sclérosé par les clichés qui font aussi Monaco –heureusement donc qu’il y a d’autres choses en principauté.

Puis, cela continuera par un gala exceptionnel à la salle Garnier. Une sorte de Best-of ou de générique rêvé. « Quoi de communs entre tous ces artistes, sauf d’avoir été des invités du PDA dans les années précédentes. Ils traduisent bien l’esprit de cette programmation unique : faire que chaque univers, si particulier soit-il, puisse entrer en résonnance avec l’autre au fil de soirées donc vous avez apprécié, au fil des années, les saveurs et les surprises. »

Le Clown Housh-ma-housh
Le Clown Housh-ma-housh

Ainsi, on retrouvera un clown (Housh-ma-Housh), le concert de légumes avec The Vegetable Orchestra, François-Frédéric Guy au piano, un poète (Charles Pennequin, du clavecin avec Blandine Rannou. Cette soirée essayera ainsi de diffuser la magie que cherche à chaque concert ce festival, c’est-à-dire emmener les spectateurs vers des expériences nouvelles et inattendues, qu’elles soient sonores, théâtrales, textuelles, chorégraphiques… Et à savoir si c’est une programmation élitiste – terme poli pour dire difficile d’accès, le directeur Marc Monnet répond qu’il est pour l’élitisme pour tous. Un intelligent tour de passe-passe en quelque sorte pour inviter le plus de personnes à découvrir ces mondes nouveaux qu’il propose. Mais il est vrai que la culture ne doit avoir ni barrière, ni frontière et c’est ce que lui et toute son équipe, s’échinent à transmettre, à partager, en proposant, en plus, des tarifs toujours très abordables pour des concerts de cette qualité. Il faut donc encourager à aller dans ce sens. Les arts sont une simple suite d’expériences et d’émotions que chacun peut ressentir. C’est ça la magie du Printemps des Arts de Monte-Carlo.

Alors bon anniversaire et surtout bonnes découvertes !

Renaud Chastel

Retrouvez le programme détaillé sur : www.printempsdesarts.mc
Tarifs de 30 à 10€

* Contrairement à ce qui était indiqué sur le journal promotionnel du Festival du Printemps des arts et dans une précédente version de cet article , la pièce de Sciarrino pour 104 saxophones, originellement programmée lors la Nuit surprenante le 20 mars a été déplacée au samedi 12 avril. Le programme aurait été sûrement trop long lors de cette Nuit surprenante

**Il sera en vente sur les lieux du festival.

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