MINUSCULE , La Vallée des Fourmis Perdues de Thomas Szabo et Hélène Giraud ( 1)
Une boîte de sucre oubliée par des humains et découverte par les fourmis noires va attirer les convoitises de leurs rivales , les fourmis rouges … La créativité et l’inventivité au rendez-vous d’un film d’animation qui « fourmille » de trouvailles visuelles . A l’image de l’inoubliable Microsmos, les auteurs nous transportent dans l’univers des proportions au milieu du petit peuple des insectes. Le merveilleux du conte et de la fable réunis dans une aventure désopilante où les dialogues sont absents, et tout est donné à voir et à entendre. Impossible de résister au charme de ce petit chef-d’oeuvre d’animation inventive et intelligente , comme on les aime…

Dans une vallée magnifique ensoleillée et verdoyante un jeune couple qui pique-nique dans la bonne humeur doit tout à coup quitter précipitamment quitter les lieux , laissant sue place quelques reste de son festin qui attire les convoitises du petit peuple de l’herbe qui n’en demandait pas autant !. Tout ce petit bestiaires se rue sur les miettes de biscuits ou de ces pétales de « chips » géantes qui représentent , plusieurs repas … et que dire de cette boîte de sucre en morceaux , une sorte de « mine d’or » qui équivaut au moins à une année de nourriture pour ces fourmis noires qui entreprennent de la transporter dans la réserve de leur fourmilière . Un long voyage qui va prendre la dimension d’une aventure épique semée de multiples dangers naturels ( rochers , précipices , rivières..) et animaliers ( Poissons de la rivière, Lézards , bourdons …) qui se dressent sur la route , sans oublier la poursuite impitoyable que vont leur livrer leurs ennemies , les fourmis rouges , usant de tous les moyens pour s’emparer du précieux butin. Dans ce combat qui prend les allures d’une guerre économique , une petite coccinelle égarée pleine de malice ,va se retrouver mêlée au combat….

Le tableau dressé d’une aventure animée qui s’inscrit dans la lignée des films qui lui ont précédé ayant célébré le monde des insectes ( Fourmiz , Bee moovie drôle d’abeille , ou les 1001 pattes…) , s’en distingue par une approche novatrice dans la conduite du récit et des formes qui se retrouvent à la fois dans les trouvailles visuelles à l’image d’une utilisation de la 3D trop souvent reléguée à une illustration de surenchère spectaculaire et qui, ici , est totalement inscrite au service ( ce que seul, a fait récemment, Alfonso Cuaron dans le récent Gravity ) du récit et de son sujet central sur la dimension épique et dramatique de la perception des formes et des échelles de grandeur (de l’espace ) , quand il lui faut avoir recours aux spectaculaire lors de la guerre sans merci ( la séquence finale ) entre les fourmis rouges et noires . On vous laisse juge d’une résultat qui – selon nous- renvoie dans les cordes et K.O, tous les blockbusters réunis dans leur appropriation d’une technique dont ils n’utilisent que les effets du spectaculaire. De la même manière que les auteurs intègrent habilement une double dimension à leur récit et mise en scène , en faisant cohabiter tout au long de l’aventure décors naturels et animation. S’inscrivant d’ailleurs à ce sujet , dans la continuité de la démarche de la série télévisée du même nom . A cet égard l’ouverture du film est saisissante lorsque au cœur des plans d’une nature verdoyante dans laquelle on s’attend à voir apparaître de vrais insectes , ce sont les créature de la fiction ( animée ) qui viennent s’installer . amenant au cœur du réel la dimension de la fable et du conte qui va s’y poursuivre et dont la continuité maintenue dans le récit jusqu’au bout constitue un point de vue original. Offrant ,notamment, à la dimension de la fable et de l’enjeu économique qui se joue dans cette guerre du sucre qui renvoie, au miroir du réel,n son écho . Et c’est d’autant plus éfficace qu’il n’est jamais surligné…

Car l’autre grande réussite du film c’est le choix d’un récit sans paroles s’appuyant uniquement sur une bande sonore faite, de bruits diversifiés attribués avec humour aux différents personnages -insectes , de musique et d’un montage d’images qui accompagnent les multiples rebondissements de l’action sans qu’aucun commentaire ne viennent les parasiter . Dès lors c’est l’imagination du spectateur qui est mise à contribution et tenue en éveil pour accompagner l’aventure dans laquelle le bestiaire des auteurs, l’invite . Et comment résister à cette Coccinelle poursuivies par d’affreux insectes et recueillie par les fourmis noires ?. Impayable, la séquence où la tentative de dialogue s’installe , faite des bruits et des sons émis par l’une et les autres , accompagnés de gestes désordonnés pour se faire comprendre !. Par son naturel comique elle renvoie à la fois aux échos du cinéma muet , mais surtout à cette gestuelle accompagnée de sons d’une langue et des mots que les humains utilisent pour se faire comprendre par un étranger. Une multiplicité de sonorités, de gestuelles saupoudrées de ces petites touches appuyées dont la dimension renvoie à l’humour de la bande dessinée et ( ou ) d’une animation que ne renierait pas, Tex Avery .

Ce dernier semble d’ailleurs avoir été l’objet de l’inspiration des auteurs dont l’inventivité à l’évidence a été stimulée par le maître , tant elle se reflète dans la touche du non-sens et de l’absurde qui vient se greffer au cœur de l’action et des séquences, en même temps que, l’efficacité d’un burlesque de situations et ( ou ) de gestuelles y apportent cette note de folie (ou de poésie ) nécessaire pour enchanter la fable et le conte. Dès lors, le récit et l’aventure de cette boîte de sucre objet de toutes les convoitises peut dérouler son tempo… on est pris à son piège !. On est subjugués par cette histoire d’amitié entre la petite coccinelle recueillie par les fourmis noires et le dévouement dont elle fera preuve à leur égard. Et on est redevable à ce champignon qui va servir de parapluie et protéger de l’orage nos petites bêtes, de la même manière que l’araignée solitaire nous renvoie sa poésie , ou que le gang de moustiques nous agace et que le Lézard géant nous effraie. On frémis à l’unisson avec ces fourmis noires affrontant avec abnégation la fureur des éléments et de leurs ennemies, au long de leur odyssée à dimension Herculéenne qui les fait rivaliser d’astuces et d’efforts pour mettre à l’abri dans leur fourmilière, leur précieux Butin. On est admiratifs de cette capacité à affronter les épreuves et y puiser l’énergie de la renaissance et de l’espoir . Et lorsque la guerre à l’enjeu économique fait rage et qu’ on constate avec horreur les ravages sur le peule des fourmis, on se dit alors que , finalement, les destinées du monde des insectes ( des animaux… ) et des hommes, ont quelque chose de commun …

Dès lors les qualités de Minuscule, la vallée des fourmis perdues, approchent à cette dimension des contes et des fables universelles , et s’inscrit comme un joyau « majuscule » du film d’animation. Ne manquez surtout pas le rendez-vous… .
(Etienne Ballérini)
MINUSCULE, la Vallée des Fourmis perdues de Thomas Szabo et Hélène Giraud -2013-
(1) Hélène Giraud co-réalisatrice est la fille de Jean Giraud, connu aussi sous le pseudonyme de Moébius ,(décédé en Mars 2012) , à qui le film est dédié .
Jean Giraud ( Moébius) par son style graphique a marqué la bande dessinée par sa collaboration a des revues ( Pilote , Métal Hurlant, l’écho des savanes ..) , par ses albums ( dont le célèbre lieutenant Blueberry ), et ses collaborations au cinéma avec Réné laloux ( Les Maitres du temps…) , Alejandro Jodorowsky ou Ridley Scott pour lequel il réalisera la conception graphique d’Alien Le Huitiéme passager.
Impatient de voir !!! à l’évidence c’est de qualité, à 1000 lieues de l’inepte bee-movie – d’autant plus dommage que l’idée de base du récit était intéressante.
[…] certain regard sur l’œuvre du réalisateur des 400 Coups. Documentaire inédit. France 5 20h50 Minuscule : la vallée des fourmis perdues de Hélène Giraud et Thomas Szabo (2013). Une jeune coccinelle vient en aide à une fourmi […]